Belgique

Guerre en Ukraine : "Nous sommes dans la situation des États-Unis en 1940", déclare François De Smet

L’Union européenne est face à la plus grande crise humanitaire depuis la deuxième guerre mondiale. Elle s’organise pour accueillir les réfugiés ukrainiens qui fuient leur pays depuis le début de l’invasion russe, le 24 février dernier. Plus de deux millions de personnes ont déjà passé la frontière, selon le Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies. L’UE a rendez-vous avec l’histoire alors que les combats se poursuivent à la frontière européenne. "Nous sommes dans la situation des États-Unis en 1940" a déclaré le président de Défi et député fédéral François De Smet.

"Porter et soutenir les Ukrainiens"

Depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe il y a deux semaines, les Occidentaux ont dégainé une multitude de sanctions qui étranglent désormais l’économie russe. Le risque d’un défaut de paiement de la Russie serait imminent, selon l’agence de notation Fitch qui a une nouvelle fois baissé la notation de la dette publique russe. Dans ce contexte, qui va de pair avec une hausse du prix du gaz russe vis-à-vis duquel l’UE est dépendante (3,5% de sa consommation totale de gaz), les États membres soutiennent militairement l’Ukraine, sans prendre directement les armes.

"Nous ne pouvons pas reculer. Au plus la guerre va continuer, au plus les images insoutenables vont arriver et le décalage d’indignation, notamment la standing ovation au Parlement européen, vont devenir insoutenables. Nous sommes en fait dans la situation des États-Unis en 1940, c’est-à-dire que, comme les États-Unis en 40 qui ont soutenu et porté l’Angleterre qui était seule, l’Angleterre de Churchill, contre l’Allemagne nazie, nous devons porter et soutenir les Ukrainiens", avance François De Smet. Pour le président de Défi, ce support peut passer, si c’est nécessaire, par des livraisons d’armes, des livraisons d’avions et de batteries aériennes, voire accueillir le gouvernement ukrainien en exil "si tout tourne mal".

Le député fédéral argumente : "Nous n’avons pas le choix pour deux raisons. Nous devons porter assistance à un peuple européen, à une démocratie voisine, qui a fait appel à nous et aussi parce qu’il est temps que quelqu’un arrête Vladimir Poutine. Voici dix, quinze ans, que cet homme pirate les élections démocratiques des autres, a annexé la Crimée, a attaqué la Géorgie, a attaqué Alep avec Bachar al-Assad en bombardant même des hôpitaux, et emprisonne et torture ses opposants. On doit tous sortir de cette torpeur".

"Il y a une limite et c’est aussi la limite de ma comparaison avec 1940", précise François De Smet, "c’est que Hitler n’avait pas l’arme nucléaire. Et que notre responsabilité aussi, c’est de ne pas engager nos populations, nos enfants, nos pays dans une troisième guerre mondiale. Et c’est vrai : la ligne de crête est ténue et nous soutenons actuellement le gouvernement (belge, ndlr) qui fait des choix tout à fait appréciables. Je pense qu’il y a moyen […] de faire énormément de choses pour soutenir les Ukrainiens sans aller jusqu’à la confrontation avec les Russes".

Indépendance énergétique

Dans ce contexte, François De Smet pointe la nécessité d’acquérir une indépendance militaire… mais aussi énergétique dans les cinq à dix ans. Un défi sur lequel se pencheront les Européens à Versailles ce jeudi alors que la France occupe la présidence semestrielle de l’Union européenne. Une sorte de nouvel "Euratom" pour le président de la formation politique de l’opposition, faisant référence à la Communauté européenne de l’énergie atomique créée au printemps 1957, avec l’objectif de créer un marché européen spécialisé pour l’énergie nucléaire.

Le verre à moitié plein

L’invasion russe a fait fuir plus de deux millions de personnes d’Ukraine, parmi lesquelles 100.000 ressortissants étrangers, selon le Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies. Mais l’Union européenne s’attend à un afflux encore plus massif, de quelque cinq millions de personnes. Une crise humanitaire inédite depuis la deuxième guerre mondiale. À titre de comparaison, 1,7 million de personnes avaient fui la Syrie.

Très vite, les États membres ont aussi marqué leur solidarité, là encore de manière inédite, en activant la directive protection temporaire grâce à laquelle les réfugiés peuvent obtenir un titre de séjour de manière accélérée, jusqu’à une période de trois ans.

Si la solidarité européenne se comprend par l’ampleur de la crise ukrainienne et le nombre de réfugiés "sans commune mesure avec celle de 2015 (guerre en Syrie, ndlr) qui était déjà historique", par la "situation plus facile à analyser", avec un "État agresseur" et une "population qui fuit en masse alors que les flux étaient plus mixtes en 2015", le député fédéral, par ailleurs ancien directeur de Myria, le Centre Fédéral Migration, pointe un "deux poids, deux mesures surtout vis-à-vis des Syriens". Et de rappeler l’attitude des pays de l’Est de l’Europe, Pologne et Roumanie en tête, qui ne voulaient pas activer la directive protection temporaire pour les Syriens… alors qu’ils étaient les premiers à le demander aujourd’hui.

"Cela dit, je préfère voir le verre à moitié plein", conclut François De Smet, en espérant que la crise actuelle va "porter les standards vers le haut".

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