Des cris 24 heures sur 24
Dans ce bâtiment, de trois étages touché lui aussi par les bombardements, M. Tchindeï montre à l’AFP la cellule de cinq mètres par cinq où il a été retenu pendant 12 jours avant l’arrivée des troupes ukrainiennes.
Ils étaient jusqu’à huit dans cette cellule dans un sous-sol humide, raconte-t-il. Il a retrouvé, accroché au mur, un lambeau de sa veste qu’il avait utilisé comme bandage.
"Au deuxième jour, ils m’ont cassé le bras. Une personne me tenait la main et une autre me cognait le bras avec une barre de métal. Ils me battaient pendant deux heures presque chaque jour. J’ai perdu connaissance plusieurs fois", assure-t-il.
"Ils m’ont frappé les talons, le dos, les jambes et les reins", ajoute M. Tchindeï.
Dans le sous-sol du bâtiment, d’autres détenus étaient gardés dans une douzaine de cellules réparties sur deux niveaux. "J’ai vu environ 15 personnes", explique-t-il, "personne ne quittait les lieux sans être frappé".
"J’entendais les cris des gens 24 heures sur 24, sept jours sur sept", dit l’homme. Une femme détenue non loin de sa cellule criait "très fort", dit-il. Selon lui, au moins un homme est décédé dans ce sous-sol.
Au rez-de-chaussée du poste de police, un jeune officier, venu de Kharkiv pour enquêter sur d’éventuels crimes de guerre, commence à rédiger son rapport dans un des bureaux où règne un grand désordre : des dossiers à terre, des chaises cassées, des meubles retournés.
"Nous avons beaucoup de travail", dit l’homme qui refuse de donner son nom. "Les enquêteurs doivent tout vérifier, même les empreintes digitales", dit-il, afin de les comparer à celles trouvées "à Boutcha (près de Kiev, ndlr) ou dans d’autres endroits où des crimes de guerre ont eu lieu".
Selon lui, les cas présumés de torture seront passés en revue par les enquêteurs arrivés à Izioum dimanche.
Dans une pièce, plus d’une centaine de passeports ukrainiens gisent sur le sol, sur un vieux canapé et sur un bureau.