Ça, c’est pour la définition théorique. Mais dans un conflit armé, le crime d’écocide prend une tournure particulière parce qu’il est plutôt susceptible d’être qualifié de "crime de guerre environnemental".
"C’est-à-dire en droit international, le fait de lancer une attaque intentionnelle en sachant qu’elle causera incidemment soit des pertes en vies humaines dans la population civile, soit des dommages aux biens civils, soit des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel, mais qui serait manifestement excessif par rapport aux bénéfices militaires attendus", précise Charles-Hubert Borne.
En l’occurrence, pour le cas du barrage de Kakhovk, deux éléments sont à vérifier pour pouvoir parler de crime de guerre.
Le premier est d’ordre matériel : y a-t-il un dommage grave, étendu et à long terme à l’environnement ?
"Ça, ça semble difficilement contestable", estime l’expert. "Il faut bien sûr le prouver, mais si on observe qu’en aval il y a des inondations qui vont forcer l’évacuation de dizaines de milliers de personnes, que des mines vont être transportées par les flots, qu’il va y avoir des pollutions – dont du pétrole qui a été déversé dans le fleuve – avec des impacts sur la faune, la flore jusqu’à la mer Noire, et qu’en amont, il y a le risque des difficultés de refroidissement de la centrale de Zaporijia, de la privation d’eau potable, l’impossibilité d’irriguer tous les tous les champs qui dépendent du réservoir, on peut considérer sur le plan matériel qu’il s’agit d’un crime d’écocide."