L’hypertension artérielle est l’une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. En 2010, on estimait à 1,39 milliard le nombre de personnes atteintes, soit 31,1% de la population adulte globale. Ces chiffres – qui montrent l’ampleur de l’enjeu en termes de santé publique – ouvrent le papier d’une équipe internationale de chercheurs et chercheuses qui ont voulu explorer une facette moins connue de l’hypertension : l’influence de facteurs psychologiques parmi les facteurs de risque pouvant favoriser son apparition.
Au-delà des facteurs bien connus (consommation de sel, surpoids…) liés au mode de vie ou à l’environnement et qui interagissent avec des facteurs génétiques, il semblait en particulier que le syndrome de stress post-traumatique pouvait jouer un rôle – hypothèse explorée par l’équipe, dans le contexte d’une thèse développée par le jeune médecin psychiatre d’origine congolaise, Achille Bapolisi.
Des études avaient déjà montré une plus grande fréquence de syndromes post-traumatiques chez des patients présentant une hypertension sévère et résistante aux médicaments. Mais, comme souligné par les scientifiques, ces études se concentraient sur des pays à hauts revenus. Il n’y avait pas d’études similaires dans des pays à faibles ou moyens revenus, alors que 75% des hypertendus y vivent et que ces pays sont plus souvent les théâtres de conflits armés susceptibles d’entraîner de hauts taux de ce syndrome.
Pour vérifier son hypothèse, l’équipe de recherche a travaillé en République démocratique du Congo, au sein de l’hôpital général de Bukavu – une ville plongée dans la guerre du Kivu depuis 25 ans. (Les détails de la méthodologie sont dans le fichier PDF en bas d’article.)