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Guy Vandersmissen, 40 ans après la finale à Barcelone : "Sur terrain neutre, le Standard aurait gagné la Coupe"

GUY VANDERSMISSEN ET LE STANDARD FINALISTES DE LA COUPE DES COUPES A BARCELONE LE 12 mai 1982

© PHOTO BELGA

Le 12 mai 1982, il y a tout juste 40 ans, le Standard affrontait le FC Barcelone en finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Après un parcours remarquable, où ils ont notamment écarté le FC Porto ou encore le Dynamo Tbilissi, les Liégeois, entraînés à l’époque par Raymond Goethals, ont malheureusement dû disputer cette finale au Camp Nou, l’antre des Blaugrana, devant 120.000 supporters catalans.

Une finale qui laissera bien des regrets au club de Sclessin qui a même mené au score, grâce à un but de Guy Vandersmissen. Au bout du compte, Barcelone, avantagé par certaines décisions arbitrales, va s’imposer 2-1 et remporter du même coup le trophée. Cette rencontre reste à ce jour, la seule finale européenne disputée par le Standard qui est donc passé à deux doigts d’un exploit. 40 ans plus tard, nous avons retrouvé Guy Vandersmissen qui n’a rien oublié de ce match.

Guy Vandersmissen, on peut dire que cette finale du 12 mai 1982 restera à jamais gravée dans votre mémoire ?

" Oui, bien sûr. Pour moi mais aussi pour tout l’équipe qui a disputé ce match ainsi que pour les supporters du Standard. C’est formidable de pouvoir participer à une finale de coupe d’Europe. C’était quelque chose d’exceptionnel et ça reste pour moi inoubliable "

4 jours plus tôt, vous êtes champions de Belgique et dans la foulée, vous affrontez cette équipe de Barcelone en finale de Coupe des coupes mais ce match se déroule au Camp Nou…

" Oui et c’est justement ça le problème. Je dois bien avouer que nous étions tous un peu supporters de Tottenham qui affrontait le Barça en demi-finale. On savait bien que si nous devions jouer contre les Espagnols en finale à Barcelone, ce serait très compliqué pour le Standard. On aurait donc préféré tomber sur les Anglais en finale mais, malheureusement, c’est Barcelone qui s’est qualifié et on a donc dû disputer cette finale en déplacement, dans le chaudron du Camp Nou "

Justement, vous n’avez pas été trop impressionnés dans ce stade, rempli de supporters locaux, dévoués au FC Barcelone ?

" Et bien, je dois avouer que c’était une atmosphère particulière. 100.000 supporters du Barça, survoltés, dans ce stade mythique, c’est assez impressionnant même si nous avions déjà connu des stades chauds comme celui de Porto ou encore de Tbilissi avec 80.000 personnes qui faisaient aussi beaucoup de bruts. Au Camp Nou, c’était encore autre chose. C’est très spécial et en plus, c’était une finale mais cela ne nous avait pas perturbés outre mesure. On avait donc déjà un peu l’habitude des ambiances hostiles, nous étions concentrés et je dois dire qu’on a plutôt bien géré ce paramètre "

Une entame de match idéal

Le Standard a très bien entamé ce match. Un début de rêve même puisque vous avez ouvert la marque très tôt dans cette finale ?

" Oui, après 8 minutes de jeu à peine. J’ai la chance de marquer ce but. On ne pouvait rêver meilleur entrée en matière même si on savait qu’on allait souffrir face à cette équipe de Barcelone, surtout qu’il fallait tenir plus de 80 minutes. On s’attendait évidemment à une réaction des Espagnols mais je trouve qu’on a bien résisté jusque dans les arrêts de jeu de la première mi-temps avec un petit manque de concentration et une erreur de marquage. C’était un but tout à fait évitable et Barcelone a donc égalisé juste avant la rentrée aux vestiaires "

Revenons sur votre but, c’était suite à une phase arrêtée et vous étiez au bon endroit. Une phase qui, je présume, avait été étudiée et répétée ?

" Et bien, non. Le commentateur de l’époque, Roger Laboureur, dans son commentaire, disait que c’était une phase bien étudiée à l’entraînement mais je peux vous dire qu’il n’y avait rien de préparé sur ce coup franc. Quand on regarde les images, on peut se dire que si la phase avait été bien préparée, il y aurait eu plusieurs joueurs dans le rectangle adverse. Des joueurs plus forts de la tête que moi. Or, j’étais tout seul avec Jos Daerden un peu plus loin. Quand j’ai vu que Arie Haan a donné son coup franc en direction de Benny Wendt sur la gauche, j’ai immédiatement plongé au premier poteau et je dois dire que le centre du Suédois était parfaitement calibré. Comme j’étais en mouvement, j’ai surpris les défenseurs du Barça et il ne me restait plus qu’à pousser le ballon au fond du but "

Un sentiment profond d'injustice

Ensuite, en seconde mi-temps, il y a la pression de Barcelone et à la 63ème, ce 2e but qui tombe. Un but qui aurait dû être annulé par l’arbitre allemand de cette finale. On ne comprend toujours pas comment il a pu être validé ?

" C’est incompréhensible. Même le caméraman a été surpris et n’a pas réussi à filmer le but. Barcelone avait hérité d’un coup franc et on attendait que l’arbitre siffle ce coup franc. Nous n’étions donc pas prêts et le Barça en a profité. Il y avait 100.000 supporters déchaînés dans le stade et donc beaucoup de pression sur l’arbitre mais s’il avait été correct, il n'aurait pas validé ce goal. J'éprouve toujours un sentiment d'injustice. Le but aurait dû être annulé. Un point, c’est tout "

Si cette finale s'était disputée sur terrain neutre, le Standard aurait pu gagner la Coupe d'Europe face à cette équipe de Barcelone ?

" Bien sûr. J’en suis convaincu. On joue ce match dans un autre stade, ou bien en aller-retour, le Standard  cette remporte cette finale et ramène la coupe à Sclessin parce qu’il y avait beaucoup de qualités dans cette équipe. On l’avait démontré en championnat mais aussi sur la scène européenne tout au long de la saison pour au bout du compte atteindre cette finale. On aurait pu gagner, d’autant que ce n’était pas non plus le grand Barça. Cette équipe était prenable, on l’a démontré, surtout en première mi-temps. Notre malchance est d’avoir dû affronter Barcelone à… Barcelone "

Le Barça avait peur de nous

Finalement, vous n’avez pas à rougir de cette défaite. Vous avez fait douter Barcelone jusqu’au bout ?

" Exactement, on a pu s’en rendre compte. Barcelone ne nous a certainement pas sous-estimés. Au contraire, ils nous ont respectés même s’ils n’ont pas hésité à jouer de manière virile, voire agressive. Je pense notamment au défenseur Migueli dont la mission était d’éliminer Simon Tahamata coûte que coûte. Le pauvre Simon a pris pas mal de coups et en a vu de toutes les couleurs ce soir-là. Je pense que le Barça avait vraiment peur de nous "

Malgré la défaite et la déception, vous êtes donc fier du parcours européen et de cette finale disputée par le Standard ?

" Absolument. Cela reste aussi la seule et unique finale européenne disputée par le Standard. On aurait pu, je le répète, ramener le trophée à Liège. Cela s’est joué à pas grand-chose mais je pense que c’est quand même quelque chose d’exceptionnel et nous pouvons en être fiers. Quand je retourne voir un match à Sclessin, des supporters me rappellent ce match et mon but inscrit à Barcelone. Cela prouve que nous avons quand même marqué l’histoire du Standard "

Je n'ai rien oublié de ce match qui a marqué ma carrière

Dernière chose, Guy, un petit quiz sur cette finale. Voici 3 questions… La première, vous rappelez-vous du nom de l’arbitre de ce match ?

" Oui, même si j’aurais préféré l’oublier. Il s’agit de Walter Eschweiler "

Bonne réponse. Deuxième question : vous vous souvenez de la marche des buts et le nom des buteurs ?

" Oh, je sais que j’ai ouvert la maque à la 8e. Ensuite, c’est Alan Simonsen, l’international danois qui a égalisé à la 44e minute. Et enfin, le Barça a marqué le 2e goal mais je ne me rappelle plus du nom du buteur puisque je ne l’ai pas vu (rires) "

Il s’agit de Quini. Un international espagnol. Enfin, dernière question, vous rappelez-vous de l’équipe alignée ce soir-là par Raymond Goethals ? Quel était le onze du Standard qui a affronté le Barça ?

" Alors, au goal, c’était Michel Preud’homme. En défense, je vais dire Eric Gerets, Walter Meeuws, Théo Poel et Gérard Plessers. Au milieu, il y avait Jos Daerden, Arie Haan et moi. Et puis devant, Simon Tahamata et Benny Wendt. Il m'en manque un, attends, je vais le retrouver. Pas facile après 40 ans….Voilà j’ai trouvé, c’est René Botteron, le joueur suisse. Je n’ai rien oublié. C’est la preuve que, malgré la défaite, ce match a marqué ma carrière de footballeur (rires) "

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