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Habitat léger : entre rêve et réalité

Sarah Guillaume a fait de son terrain un refuge pour la biodiversité. Elle espère y construire son projet de vie.

© C.L.

Par Céline Liegeois

Ces dernières années, depuis la reconnaissance et donc l’encadrement de l’habitat léger, les tiny houses, yourtes ou roulottes ont le vent en poupe. Mais habitat léger ne signifie pas législation plus légère. Vivre dans une habitation atypique n’est pas aussi simple que l’on pourrait imaginer.

Quand elle a acheté son terrain il y a deux ans à Floreffe, Sarah Guillaume souhaitait construire une petite maison passive à ossature bois. Le projet a évolué vers une solution nettement moins onéreuse et plus modeste, une yurtagone, c’est-à-dire une grande yourte de 60 m2.

"C’est suffisamment grand pour y faire sa vie, tout en restant léger, peu encombrant. Je n’ai pas besoin de plus" explique Sarah Guillaume. Son projet est une petite habitation confortable, qui respecte les normes sanitaires, avec une mezzanine, isolée avec des matériaux écologiques, raccordée à l’électricité, à l’eau, au gaz. La yourte ne nécessite pas de béton, ni de fondation. "Autre avantage, elle s’installe rapidement en évitant au voisinage les inconvénients des longs travaux" poursuit la jeune femme.

Manque d’homogénéité

Une demande d’avis préalable a donc été introduite. Et la jeune propriétaire va certainement devoir revoir sa copie. La commune est pourtant l’une des rares à déjà disposer d’une charte pour entourer l’habitat léger. Si elle n’y est pas hostile, elle souhaite voir ces logements atypiques s’intégrer à un projet d’habitat groupé. Aussi, elle souligne le manque d’homogénéité qui découlerait de l’implantation d’une yourte dans un lotissement. Car le terrain fait partie d’un lot de sept terrains, certains sont déjà construits, depuis plusieurs années.

La situation, entre d’autres maisons plus traditionnelles, n’était pas un problème au moment de l’achat mais complique la réalisation du projet. Pour un habitat léger ou une villa classique, quatre façades, les règles d’urbanisme s’appliquent de la même manière, nous explique Thibault Ceder, conseiller à l’Union des villes et communes de Wallonie. "Si on se trouve dans un lotissement, il y aura beaucoup plus de difficultés. Le lotissement définit des objectifs, souvent la construction de bâtiments destinés à l’habitation unifamiliale, et va définir des prescriptions à respecter. Des couleurs de briques, des pentes de toiture, des ouvertures de baies… Si on vient avec une yourte, une roulotte, ça n’a rien à voir avec ce qui a été prévu au départ dans le lotissement."

"Aujourd’hui, pour être écolo il faut être riche"

Revenir au projet initial, une construction en bois avec des matériaux écologies en accord avec ses valeurs, coûterait environ trois fois plus cher. "Si je veux construire une petite maison de 90 m2 correspondant à mes convictions, avec des matériaux naturels, en dessous de 300.000 euros, ça n’existe pas. Ce terrain coûtait déjà 100.000 euros. Je ne suis pas pauvre, mais de là à avoir 400.000 euros, il y a une différence ! Il y a un gros paradoxe, aujourd’hui. Pour être écolo, il faut être riche" ironise la jeune femme. "Ce qui est absurde étant donné que plus on est riche, plus on pollue et plus on émet de CO2".

Sarah Guillaume en est convaincue, il faut changer notre manière de consommer mais aussi d’habiter. Déçue, la jeune femme espère voir les lignes bouger. C’est pourquoi elle a lancé une pétition en ligne. En attendant, c’est tout un projet de vie qui s’éloigne.

 

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