Tendances Première

Harcèlement scolaire : le guide des parents pour aider leurs enfants à sortir de la violence

Tendances Première : Le Dossier

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Par Nadine Wergifosse via

Spécialiste de la gestion du harcèlement, Bruno Humbeeck, psychopédagogue et directeur de recherche à l’Université de Mons propose une boîte à outils indispensable : questionnaires de diagnostic, paroles à adresser à l’enfant victime, messages pour les éducateurs, ateliers de groupe, dispositifs de cyber vigilance… Un guide pour aider les parents mais aussi pour l’école et les enfants afin qu’une relation harmonieuse puisse apparaître entre tous.
Interview de l’auteur dans le studio de Tendances Première.

En préambule, une définition du harcèlement par Bruno Humbeeck : "Il s’agit d’un sentiment d’impuissance qui se crée par la répétition de l’agression (qui n’est pas un conflit). Le harceleur ou la harceleuse a besoin de la complicité d’autres pour mettre la victime en incapacité de réagir et pour la désigner comme ayant un problème. La victime souvent va minimiser la violence qui lui est faite."
Les ados parlent peu de ce qu’ils vivent. Ils ont peur de peiner leurs parents. C’est ce que l’on appelle de la " délicatesse paradoxale.
Si l’enfant sent que la personne à qui il se confie ne va pas s’effondrer, alors il parlera plus facilement. Il pourra expliquer qu’il vit une situation difficile en étant plutôt dominé que dominant.

J’ai d’abord été insultée par un groupe de filles sur les réseaux sociaux. Puis la violence a continué à l’école. En sortant d’un cours de gym, j’avais quinze personnes me suivaient et me menaçaient. A l’école on m’avait répondu que ce n’était rien de grave, que je ne devais pas faire de vagues avant les examens. Mes parents ont vu mon épuisement. Finalement, ce qui m’a sauvé c’est d’en parler.

(Témoignage de Zoé dans Tendances Première).

© GettyImages

Les victimes souvent ont peur de se confier. Une étude le dit : seuls 7% osent le faire. Le parent voit son enfant en baisse de régime, un peu moins en forme. Mais l’enfant se mure dans le silence.

"C’est une violence invisible. Il n’y a pas de signes avant-coureurs, le parent n’a souvent rien vu venir." Explique Bruno Humbeeck.

C’est encore plus vrai dans le cyberharcèlement où c’est un seul fait, très brutal qui est commis et qui donne l’impression à la victime d’être incendiée et totalement anéantie.

Aujourd’hui, on doit vraiment tenir compte de ces cyber-agressions et répondre via des dispositifs spécifiques. C’est une forme d’agression où virtuellement le nombre d’agresseurs peut sembler infini. Nos ados échangent des images intimes. Les générations précédentes ont échangé des lettres ou d’autres moyens. Aujourd’hui, il suffit d’un seul clic entre l’espace privé et l’espace public.

A l’école, le mot harcèlement agace les uns et fait peur aux autres

Le but de ce guide est de diffuser les techniques qui vont aider.
1. La réponse juridique et judiciaire doit jouer son rôle. Ils existent bien sûr des dispositifs qui font appel à des lois. Une enquête à la suite d’une plainte est à évaluer. Il s’agit d’un processus lent or pour l’enfant et pour que cesse la violence, il faut une réponse immédiate.
2. La réponse pédagogique. Une école démunie ce n’est plus possible, c’est même irresponsable ! Il y a des outils qui permettent de créer de l’empathie, des normes du vivre ensemble. Sans oublier d’établir des sanctions en veillant à ce que ce ne soit pas pris comme de l’injustice.
3. Les deux réponses ensemble en reconnaissant que chacune a des pouvoirs et a des limites. Les dispositifs d’une cellule anti-harcèlement doivent pouvoir s’appuyer sur les deux.

Que faire si l’on est parent de harceleur ou de harceleuse ?

Les recherches montrent que c’est finalement plus inquiétant pour la trajectoire future d’un enfant. Pour être un harceleur, il faut geler ses neurones miroir, des cellules qui nous permettent de ressentir la souffrance de l’autre. Les agresseurs ont souvent gelé leurs émotions pour tenir debout, en se nourrissant de prestige aux yeux des autres et d’un sentiment de toute-puissance au détriment de quelqu’un. L’intelligence émotionnelle se développe peu ou mal.

L’école doit communiquer avec les parents mais de manière différente, ne pas dire : " votre enfant est un harceleur " mais plutôt : " on s’inquiète parce que votre enfant a une intelligence émotionnelle qui se développe peu." De cette manière-là, on évite le scénario habituel d’accusation. Sinon les parents se sentent menacés, défendent leur enfant et cautionnent le comportement agressif et dominant de ce dernier.

Sans oublier, qu’il faut essayer de dire le plus tôt possible que l’on accepte et que l’on apprécie pas la violence faites aux autres. Egalement lui faire prendre conscience de la souffrance de l’autre est important. Il s’agit de mécanismes de l’empathie, d’éducation aux émotions.

"Pour sortir des rapports de force et enrayer les spirales de violence, il s’agit de chercher la réponse la plus harmonieuse possible. Rien n’est irrémédiable si l’émotionnel peut à nouveau s’exprimer". Explique Bruno Humbeeck.

► Écoutez l’entièreté de ce podcast ci-dessus.

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