Harcèlement sexuel à Activision Blizzard : 150 employés et des actionnaires exigent la démission du CEO Bobby Kotick

Robert "Bobby" Kotick, CEO d'Activision Blizzard

© Getty Images

Après plus de 150 employés d'Activision Blizzard, qui ont fait une journée de grève ce mercredi, c'est au tour d'un groupe d'actionnaires de réclamer le départ de Robert "Bobby" Kotick, PDG depuis 30 ans de la société, actuellement troisième plus grand éditeur de jeux vidéo au monde (World of Warcraft, Call of Duty, Overwatch, Diablo).

Ces réactions font suite à la publication d'un article du Wall Street Journal, qui révèle que Bobby Kotick aurait été au courant pendant des années de faits de harcèlement sexuel dans l’entreprise, et les aurait tus. Cet été, une enquête d'une agence étatique californienne a fait état de comportements de discriminations et de harcèlements au sein de Blizzard, et ce depuis de nombreuses années, et a porter plainte en justice.


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Un groupe d’employés a cessé le travail pendant un temps en signe de protestation et s’est rendu devant le siège d’Activision Blizzard à Los Angeles. "Nous ne nous tairons pas jusqu’à ce que Bobby Kotick soit remplacé et nous continuerons à faire pression pour obtenir un audit indépendant", a clamé le syndicat des employés du groupe, l’ABK Workers Alliance.

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Par la suite, selon The Washington Post, un groupe d'actionnaires, qui détient pour 4.8 millions de parts (soit 0.6% du total), a également demandé la démission du CEO, dans une lettre adressée au conseil d'administration d'Activision Blizzard. C'est un groupe d'actionnaire qui critiquait déjà le travail de Bobby Kotick depuis un bon moment.

"Contrairement aux déclarations antérieures de l'entreprise, le PDG Bobby Kotick était au courant de nombreux incidents de harcèlement sexuel, d'agression sexuelle et de discrimination sexuelle chez Activision Blizzard, mais n'a pas veillé à ce que les cadres et les dirigeants responsables soient licenciés, ni à reconnaître et à traiter la nature systématique de la culture hostile du lieu de travail de l'entreprise", ont écrit les actionnaires dans une lettre communiquée au Washington Post.  Les actionnaires demandent également que les deux plus anciens administrateurs du conseil, Brian Kelly et Robert Morgado, se retirent d'ici le 31 décembre.

Stratégie du déni

Le journaliste spécialisé Jason Schreier, qui a écrit de nombreux articles sur les conditions de travail dans l'industrie vidéoludique, a rapporté sur Twitter les propos du CEO Bobby Kotick suite à l'article du Wall Street Journal, dans une vidéo transmise aux employés : "Quiconque doute de ma conviction d'être le lieu de travail le plus accueillant et le plus inclusif ne comprend pas vraiment à quel point c'est important pour moi." Depuis le début des accusations de discrimination et de harcèlement dans l'entreprise, cet été, la stratégie du CEO est de nier toute ces allégations, et d'affirmer faire tout son possible pour créer un environnement de travail sûr et sain.

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Kotick au courant de faits de 2016 et 2017

Le Wall Street Journal a publié mardi un article relatant des accusations de harcèlement sexuel chez Activision Blizzard et décrivant Bobby Kotick comme étant conscient de ces agressions. Le quotidien économique américain se base pour ce faire sur des interviews, des e-mails au sein de l’entreprise, des demandes de régulateurs et d’autres documents internes qui démontrent que le PDG était au courant des faits de harcèlement sexuel qui ont eu cours en 2016 et 2017. L’entreprise ne l’aurait pas signalé à son conseil d’administration. Le Wall Street Journal a fait également état de cas où Bobby Kotick lui-même est accusé d’avoir harcelé sexuellement.

Activision Blizzard a nié les allégations à l’encontre de son PDG et le conseil d’administration a également affirmé son soutien au patron de l’entreprise. "Le CA reste convaincu que Bobby Kotick a réglé de manière adéquate les problèmes sur le lieu de travail pour lesquels il a été alerté", avance-t-il dans un communiqué.

Un problème bien présent dans l'industrie vidéoludique

En août 2021, une agence d’état californienne chargée de la lutte contre la discrimination dans l’emploi poursuivait en justice ce géant vidéoludique pour discrimination à l'emploi et harcèlements, suite à une enquête de près de deux ans. Un syndicat de travailleurs, ABK Workers Alliance, s'est alors formé au sein de la firme, événement plutôt rare dans le milieu pour qu'il mérite d'être souligné. Un an avant, c'est le géant français Ubisoft ("Les lapins crétins", "Assassin's Creed", "Far Cry") qui était visé par des accusations de harcèlements sexuels, menant à la sortie de plusieurs hauts cadres de l'entreprise.

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