Hep Taxi : l’humoriste Paul Mirabel redéfinit la masculinité à travers son one man show, « Zèbre »

Anti glamour, anti winner, anti frime. Paul Mirabel enfile à la scène le costard du parfait loser, maladroit et sans grandes ressources. Avec son corps filiforme d’1m91, sa tête d’ado et ses multiples déboires relatés d’une voix monocorde, il déclenche forcément les rires. Magnifier ses faiblesses, c’est toute la force du jeune humoriste de 27 ans qui tranche dans le paysage du stand-up français.

" J’ai essayé d’y aller en étant moi et en fait, ça a très vite matché " déclare la nouvelle coqueluche de l’humour dont le doux profil est aux antipodes du mâle dominant roulant des mécaniques. " J’aurais jamais eu la prétention de dire : " je vais faire un spectacle qui redéfinit la masculinité. Mais on m’a souvent dit que ça racontait ça […] C’était pas voulu. Si des gens retiennent ça, je suis hypercontent " s’enthousiasme Paul. Et si en plus, il peut faire bouger les lignes identitaires, c’est tout bonus.

" Je bénis la vie, tous les jours, de m’avoir fait comprendre assez tôt que c’est ce je voulais faire " raconte celui qui a grandi dans le culte de Gad Elmaleh. Un DVD de ce dernier lui donne à 5 ans, l’envie de faire de l’humour, son métier. Mais le parcours de Paul Mirabel ne sera pas rectiligne pour autant. Première étape pour ce natif de Montpellier : Paris et sa business school où grâce à un concours d’éloquence, il attrape le virus de la scène. Non sans surmonter sa timidité et son abyssal manque de confiance en lui…

" J’avais une petite voix à l’intérieur qui me disait : " un jour, tu vas te retrouver dans ça " confie le stand-upper. Pour se donner les moyens d’une vie d’artiste, Paul fait le cours Florent en parallèle de son cursus économique. En 2018, il remporte le Campus Comedy Tour. Dès lors, l’étudiant le plus drôle de France écume les cafés-théâtres de l’hexagone enchaînant jusqu’à sept scènes par jour, courant d’une ville à l’autre pour un bref passage. Et ce, alors que ce stakhanoviste passionné n’est pas encore diplômé.

Grand prix du festival de l’humour de Paris et lauréat du Best de l’humour en 2019, Paul le perfectionniste va rôder son Zèbre pendant deux ans. Chaque représentation est un carton car entre-temps, aux prémisses de l’hiver 2020, le Festival de Montreux a lancé sa carrière. L’humoriste y a présenté Je me suis fait racketter. Sketch de huit minutes devenu viral sur le Net avec 25 millions de vues à ce jour ! Un succès qui n’a pas échappé à Nagui qui l’engage aussitôt dans La Bande originale sur France Inter. Chaque semaine, Paul Mirabel y épingle l’actualité à travers sa lorgnette personnelle.

L’écriture s’avère être parfois une gageure. "C’est douloureux. Je me vois, il y a deux ans, partir seul le matin à 7h30 dans le froid, pour aller écrire des blagues dans un café face à un mur. C’est pas la partie la plus agréable mais c’est nécessaire " raconte-t-il. Mais ce gros bosseur n’est pas à un sacrifice près. Il a mis " beaucoup de choses de côté dans la vie personnelle pour que ça tienne la route et que j’en fasse mon métier " dit Paul.

Paul Mirabel a la réussite modeste. Au mot succès qui lui semble exagéré, il préfère dire des choses positives. Et de préciser : " des changements positifs dans sa vie, ça se prépare parce que c’est pas quelque chose d’évident et d’acquis ". Lucide et cohérent, le garçon. Mais aussi attachant. L’évocation de son petit frère autiste dans son spectacle et dans le taxi en témoigne.

Lorsqu’il affirme à Jérôme Colin : " j’essaye d’être une bonne personne. C’est mon mantra en me levant le matin ", on le croit volontiers. Et alors que la course s’achève, Paul Mirabel déclare : " J’aime beaucoup ce tour en taxi, je n’ai pas envie que ça s’arrête ". On est définitivement conquis !

Retrouvez Paul Mirabel dans Hep Taxi, ce dimanche 6 novembre, à 22h40 sur La Trois et en replay sur RTBF Auvio !