Hep Taxi

Hep Taxi : rencontre avec l’écrivain voyageur, Sylvain Tesson pour « Blanc », journal de bord de sa traversée des Alpes à ski

L’écrivain voyageur Sylvain Tesson dans Hep Taxi !

© Hep Taxi

Trois décennies que l’infatigable globe-trotteur arpente le monde par monts et par vaux. De ses aventures extrêmes, Sylvain Tesson tire une œuvre littéraire qui ravit les sens. Sa plume fait la part belle à la nature, à la réflexion et à la contemplation. Retour sur le parcours atypique de cet électron libre dans Hep Taxi.

Après Noir, recueil de textes et de dessins humoristiques sur la mort, Sylvain Tesson publie Blanc, son nouveau carnet de voyage. 1600 kilomètres à ski durant quatre hivers des Alpes-Maritimes françaises à la Slovénie. Ascensions vertigineuses des cimes enneigées grimpées à peau de phoques au prix d’un effort physique herculéen. Communion spirituelle avec les éléments dont la beauté et la blancheur immaculée des paysages ont transcendé Sylvain Tesson. C’est en résumé la teneur de cet ouvrage qui emporte littéralement ses lecteurs.

Le voyage comme raison de vivre et porte d’entrée en littérature

J’adore faire des choses avec vivacité et me lancer dans de nouvelles aventures. La vie est l’antidote de la mélancolie déclare Sylvain Tesson. Une façon d’arrêter le temps, de se sentir vivant. Il y a ce moment merveilleux où on largue les amarres. On se lève. On se casse. C’est la chose que j’aime le mieux au monde confie-t-il. Premier départ en 1993, à l’issue de ses études de géographe, un tour du monde à vélo avec son ami, Alexandre Poussin.

Par ce premier voyage autour du monde à vélo, j’ai cerné les contours de mon bonheur affirme Sylvain Tesson. A sa quête de liberté et d’intensité s’ajoute la découverte de l’écriture. Chaque soir, ils ont rendez-vous avec la page blanche. Un an plus tard et 25.000 km dans les mollets, ils en tirent un livre de ce journal de bord, On a roulé sur la terre.

Tous deux vont ensuite parcourir 5000 km à pied dans l’Himalaya qui fera aussi l’objet d’une publication, On a marché dans le ciel : 5000 km à travers l’Himalaya aux éditions Laffont. Avec l’exploratrice et documentariste Priscilla Telmon, Sylvain Tesson traversera les steppes de l’Asie centrale à cheval, du Kazakhstan à l’Ouzbékistan et cheminera au Sikkim. Mais avant de la rejoindre dans ce royaume du nord de l’Inde, il a marché dans les pas des évadés du goulag en suivant l’itinéraire du récit de Slawomir Rawicz, The Long Walk. Ce périple qui l’a mené de la Sibérie à la Chine et du Tibet à Calcutta est relaté dans son livre, L’Axe du loup.

Voyager et écrire, l’alpha et l’oméga de Sylvain Tesson

" Les grandes traversées que j’ai faites à pied, à cheval, à bicyclette ne demandent qu’une chose : la rusticité. C’est-à-dire le mépris tout à fait total du confort. Il fallait accepter la souffrance, l’inconfort, l’imprévu permanent. Mais moi, c’est ça que je cherchais, c’est ça que j’aimais " dit Sylvain. En témoigne cette expérience de solitude qu’il voulait vivre avant ses 40 ans. Six mois d’ermitage dans une cabane sur les rives du lac Baïkal sous des températures hivernales extrêmes racontés dans son best-seller, Dans les Forêts de Sibérie, Prix Médicis essai 2011 que Safy Nebbou a adapté au cinéma.

L’aventure de Berezina est du même acabit. Retracer en side-car et en plein hiver, la retraite de Russie de Napoléon. Relier ainsi Moscou à Paris tenait du défi. Mais c’était sans compter sur la détermination du fils du journaliste et patron de presse, Philippe Tesson. Sylvain est une force de la nature. Aussi traverser en diagonale la France rurale en guise de rééducation physique après son accident s’avère être un modèle de résilience. Son parcours pédestre nous est conté dans " Les Chemins noirs ".

La stégophilie, la passion à risques de Sylvain Tesson

Stégophile, il flirte avec le danger depuis ses 15 ans. Sa manie d’escalader les façades, de grimper le long de la tour Eiffel, Notre-Dame de Paris ou tout autres monuments s’élevant dans le ciel a bien failli lui être fatale. Le 20 août 2014 à Chamonix, Tesson chute du toit du chalet de son ami, l’écrivain Jean-Christophe Ruffin pour s’écraser 10 mètres plus bas.

Vingt-six fractures, deux arrêts cardiaques, un pronostic vital engagé. Et au final, la perte partielle de l’ouïe, totale de l’odorat et une paralysie faciale. "C’était le résultat d’une inconséquence stupide. J’étais complètement emboissonné. Une ivrognerie donc il n’y a aucune excuse. Si le monde avait été régi par une loi immanente, j’aurais dû ne pas me relever de ça. Je ne sais pas pourquoi j’ai bénéficié d’un miracle et j’ai recommencé à être ce que j’étais. C’est-à-dire, un agité du mouvement " avoue Sylvain Tesson. Heureusement, sans quoi, on aurait été privé de l’un de ses plus beaux livres !

« La Panthère des neiges », un phénomène d’édition

C’est grâce au photographe animalier Vincent Munier qu’est née cette fameuse expédition sur les traces de la panthère des neiges des hauts plateaux du Tibet. A l’affût durant de longues journées par moins trente-trois degrés pour croiser le regard de la rarissime et divine féline, Sylvain Tesson a appris la patience à force d’observations.

Il a tiré de cette rencontre magique avec l’animal, un récit d’aventures, un plaidoyer pour la nature et une réflexion philosophique. Magnifiée par sa plume, La Panthère des neiges fut couronnée du prix Renaudot 2019. Le documentaire éponyme de Marie Amiguet et Vincent Munier tourné au cours du voyage est troublant non seulement pour la beauté de l’image mais aussi en raison de son message qui questionne le rapport de l’homme au vivant, aux animaux, à la survie des espèces en voie de disparition.

L’appel de l’aventure de la réalité au papier

Auteur d’une quarantaine d’ouvrages entre carnets de voyage, albums photographiques, essais, recueil d’aphorismes et nouvelles dont Une vie à coucher dehors primée par le Goncourt de la nouvelle en 2009. Sylvain Tesson est également membre de la société des explorateurs français et des écrivains de la marine. On parle peu de ses traversées maritimes. Mais voilà qu’il revient d’un voyage sur les mers. 

On peut donc espérer que son prochain opus respirera les embruns. Une chose est sûre, il explorera " le thème du merveilleux, tel qu’il a constitué un genre littéraire au XIIe siècle dans le monde celtique. La présence de quelque chose de supérieur à l’expression divine dans la manifestation vivante " annonce Sylvain Tesson. Et l’écrivain de conclure : "pour l’instant, je préfère continuer à entendre résonner les échos de ce voyage en moi".

Retrouvez Sylvain Tesson dans Hep Taxi, ce dimanche 11 décembre à 22h40 sur La Trois et en replay sur RTBF Auvio !

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