Hitler, entre vérités et légendes

Beaucoup de choses ont été écrites sur l’homme, dont on ne compte plus le nombre de biographies. Dans son livre, Claude Quétel veut donner un autre éclairage sur la figure du nazisme, en tentant de répondre aux "questions qui fâchent". Il remonte à l’enfance du Furher pour tenter de dresser un portrait de la vraie personnalité d’Hitler, souvent cachée sous une montagne d’écrits, de biographies et d’analyses historiques. L’historien évoque tant sa vie privée (et sexuelle), que son image politique et militaire.

La santé mentale d’Hitler, son caractère, sa psychologie, sa folie. Autant de sujets qui ont été traités et retraités dans la littérature et différents médias, avec des approches qui ne coïncident pas toujours. Le sujet n’est pas facile à aborder. Mais ce n’est pas seulement la personnalité du dictateur qui a généré beaucoup de spéculations. Quantité d’autres aspects de sa vie sont régulièrement discutés : a-t-il des origines juives, sa famille était toxique, était un artiste raté, un héros de la première guerre mondiale, a-t-il été antisémite dès le plus jeune âge ?

Claude Quétel en est persuadé, Adolf Hitler n’avait rien de particulièrement exceptionnel. Dès son enfance, il fut un grand paresseux. Artiste effectivement médiocre, il a arrêté très tôt ses études. Refusé au conservatoire de Vienne (ce qu’on présente souvent comme une frustration fondatrice de sa folie meurtrière), il fréquente les cafés du centre de la capitale autrichienne, où il lit les journaux gratuits dans lesquels les idées antisémites sont légion. Hitler n’est pas un intellectuel, comme on l’a souvent présenté. Il ne lit pas beaucoup et n’a rien inventé de ses thèses racistes. Il n’a en réalité fait que les reprendre dans Mein Kampf (qu’il n’a d’ailleurs pas rédigé lui-même, il l’a dicté) et les appliquer après sa prise de pouvoir.

Admirateur de cinéma populaire et de Wagner, l’homme est aussi un hypocondriaque chronique. Sur le papier, ce petit homme faiblard et peu avenant n’a rien pour devenir un grand leader. Alors comment s’est-il hissé aux plus hautes marches du pouvoir ?

Grâce à son talent orateur ? Pour Claude Quétel, Hitler fut avant tout "un grand braillard", œuvrant devant une audience déjà acquise à sa cause et prompte a l’acclamer plus que de raison. Pourtant, c’est par le verbe qu’il parvient à faire de son groupuscule politique un vrai parti. Devant ses interlocuteurs, il aime surtout monologuer, car en réalité il déteste être contredit. Une tare qu’il a depuis son enfance. Alors, pour éviter qu’on lui coupe la parole, il parle sans arrêt et avec fermeté.

Beaucoup de ses idées tactiques sont en réalité désastreuses. Au premier rang desquelles, celle d’envahir l’URSS. Fier du succès de sa Blitzkrieg à l’Ouest, il ne prend aucune considération stratégique et logistique pour lancer ses troupes contre les Soviétiques. Cette invasion, on le sait, va tourner au fiasco et changer le cours de la guerre. Quétel le compare plutôt à un joueur de casino qui tente sa chance qu’à un stratège militaire.

C’est un joueur qui a fini par croire qu’il gagnerait tout le temps.

"Hitler – Vérités et légendes" de Claude Quétel est paru aux éditions Perrin, et est à retrouver dans toutes les librairies.