Ces animaux devraient pourtant dormir à poing fermé en ce moment. Ils hibernent, ou hivernent, pour être plus précis (les animaux qui hibernent se trouvent dans un état de léthargie avancé. Seules les zones de leur cerveau qui commandent les fonctions vitales restent actives. Leur température corporelle descend parfois jusqu’à zéro degré contrairement à celle des animaux hivernants qui somnolent et économisent de l’énergie mais peuvent se réveiller). Mais les températures très douces pour la saison depuis déjà plus de deux semaines les poussent à se réveiller.
"Ces derniers jours, il y a des observations de salamandres, de tritons, de grenouilles, de hérissons, nous détaille Arnaud Laudelout, biologiste à l’Association de défense de la nature Natagora. Ces animaux sortent de leur hibernation à cause des températures beaucoup trop douces. Le problème, c’est que tous ces animaux sont incapables de se nourrir en hiver parce que leurs proies se font très rares et quand bien même ils seraient capables de se nourrir, il est probable qu’ensuite ils ne pourraient pas digérer parce qu’ils retomberont en léthargie quand les températures redeviendront plus froides et cela pourra leur poser des problèmes. Donc même s’ils s’alimentent, cela risque d’être inutile".
Des réveils ponctuels ne sont pas exceptionnels et n’inquiètent donc pas outre mesure le biologiste. En revanche, la répétition, hiver après hiver, de longues périodes de douceur est problématique. "Cela montre surtout que quelque chose est en train de se passer et perturbe notre faune en hiver ; cela vient s’ajouter à la dégradation des habitats et plus généralement de notre environnement. C’est donc un facteur d’aggravation des problèmes de biodiversité".
Notons toutefois que ces conditions météorologiques ne sont pas néfastes pour toutes les espèces. Certaines en bénéficient plutôt, comme les petits oiseaux. "Puisqu’il fait plus doux, précise le biologiste, ils gaspillent moins d’énergie pour maintenir leur température corporelle et ont donc une meilleure survie que lors de vagues de froid et surtout d’épisodes neigeux, pendant lesquels ils peuvent avoir des difficultés pour s’alimenter et être confrontés à un risque de mortalité très élevé".
Si le changement climatique en cours perturbe indubitablement les équilibres actuels, les hivers plus doux ne seront pas forcément négatifs pour toutes les espèces.