En Hongrie, le principal média indépendant en ligne annonce qu’il est en danger. Index, le site d’information le plus lu en Hongrie, un million de lecteurs par jour, fait face à une restructuration qui ressemble fort à une mise au pas. Elle est téléguidée par ses investisseurs, favorables au Premier ministre hongrois.
Gratuit, ce "pure player" lancé en 1999, dépend de la publicité pour survivre, des revenus en baisse à cause de la crise du coronavirus. C’est ça qui justifierait une réorganisation de la rédaction, divisée en petites unités, externalisées…
Confier la rédaction des différentes rubriques du journal à des sous-traitants… Un plan de restructuration bizarre qui fait craindre aux journalistes une mainmise du gouvernement sur leur rédaction, car la régie publicitaire est depuis fin mars à 50% aux mains d’un investisseur pro-Orban, Miklós Vaszily, directeur de la chaîne TV2.
Un scénario connu de mainmise gouvernementale
Dimanche soir, le rédacteur en chef a donc tiré le signal d’alarme, avant d’être écarté. Joël Le Pavous, journaliste indépendant basé à Budapest, dépeint le scénario que redoutent les journalistes d’Index : "Il y a eu deux précédents en Hongrie, celui d’Origo, qui comme Index était un grand média de masse qui a été "orbanisé" en 2014 après le licenciement de deux journalistes politiques qui ont signé des enquêtes sur les dépenses somptuaires d’un ponte du gouvernement, suivi d’une vague de départ de journalistes, et un cas encore plus extrême, celui de Népszabadság, fermé brutalement pour raisons financières en octobre 2016 par son propriétaire autrichien, le quotidien le plus puissant du pays, ancien organe officiel de l’Etat-parti sous le communisme et qui a rejoint le cimetière des médias hongrois tombés sous Orban."