En pleine crise du coronavirus, le Premier ministre hongrois Viktor Orban demande la prolongation illimitée de l’état d’urgence décrété le 11 mars dernier pour 15 jours.
Le gouvernement hongrois a présenté un projet de loi dans ce sens que le Parlement pourrait voter dès ce lundi. Le parti de Viktor Orban aura cependant besoin du soutien de l’opposition pour réunir une majorité de 80%.
De la prison pour les fake news
La loi institue deux nouveaux délits. Des peines de prison allant jusqu’à 5 ans sont prévues pour ceux qui diffusent de fausses informations susceptibles d’entraver ou de contrecarrer l’efficacité de l’action du gouvernement dans la lutte contre l’épidémie.
Même chose pour toute personne ne respectant pas la quarantaine ou le confinement, avec jusqu'à 8 ans d'emprisonnement si cela cause un décès.
Par cette loi, le Premier ministre Viktor Orban sera aussi autorisé à prendre toutes les mesures pour contenir la pandémie par décret jusqu’à ce que le gouvernement ne le juge plus nécessaire.
Le gouvernement peut aussi par simple décret "suspendre l'utilisation de certaines lois, s'écarter des dispositions statutaires et introduire d'autres mesures extraordinaires, afin de garantir la stabilité de la vie, de la santé, la sécurité personnelle et matérielle des citoyens, ainsi que l'économie".
Enfin le texte prévoit que "jusqu'au lendemain de la fin de l'urgence, aucune élection intérimaire ne sera organisée et toute élection déjà prévue sera annulée", pareil pour les referendums.
Inquiétudes
Si la répression de la diffusion de fausses informations fait sens, il faut rappeler que la Hongrie fait l’objet de plusieurs enquêtes de l’Union européenne pour violation des normes démocratiques. La presse indépendante voit sa diffusion réduite à sa plus simple expression face à des médias officiels ou contrôlés par les proches du pouvoir. De plus, les termes vagues sanctionnant le non-respect du confinement ouvrent aussi la porte à une interprétation assez large.
La décision de restreindre la circulation de certaines informations fait suite aux critiques des médias indépendants et des groupes d’opposition selon lesquels le gouvernement ne dévoile pas toutes les informations et montre des incohérences dans sa gestion de la crise.
Une autre clause du projet évoque la possibilité d'une "pause parlementaire forcée", qui fait craindre une suspension du Parlement.
La proposition loi inquiète en tout cas le think tank libéral Political Capital qui y voit des pouvoirs pratiquement illimités au gouvernement sans un calendrier précis, une mesure non justifiée : "Il n’y a pas d’explication rationnelle dans la situation actuelle pour l’extension indéfinie de l’état d’urgence", déclare le think tank dans un communiqué cité par Reuters.
Le site politique Hungarian Spectrum, très critique à l’égard de la politique de Viktor Orban, parle de chèque en blanc pour le Premier ministre, qui se voit accorder les pleins pouvoirs sans limite de temps, soulignant qu’il faudra une nouvelle majorité des deux tiers au parlement pour l’annuler.
L’armée surveille les frontières
Depuis la crise du coronavirus, le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, a fait fermer les écoles, les frontières aux citoyens étrangers et limité les heures d’ouverture des magasins et des restaurants. L’armée qui a déjà été déployée sur la frontière sud du pays pour barrer la route aux transmigrants est à présent aussi envoyée sur les confins nord du pays, aux frontières avec la Slovaquie et l’Autriche.
Le nombre de cas confirmés était de 131 dimanche dans un pays qui compte 10 millions d’habitants, soit 28 cas de plus que la veille. Il y a eu 6 décès. Parmi les personnes infectées, 117 sont des citoyens hongrois.