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Hypnose-toi toi-même

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Par RTBF La Première via

Addictions (tabac, alcool, gourmandise excessive, etc.), douleurs (mal de dos, migraine, etc.), perturbations du sommeil, troubles obsessionnels, confiance en soi, peur de vieillir… Nos émotions nous détournent de notre bien-être. Nous sommes en permanence confrontés à des situations nouvelles qui nécessitent des changements de comportement. L’autohypnose est une réponse simple, efficace et facile à mettre en oeuvre afin de résoudre ces problèmes.

Dans son livre Hypnose-toi toi-même (Ed. Flammarion), le Dr Jean-Marc Benhaiem illustre chaque cas, à travers les aventures d’une famille imaginaire, les Valmer, et propose des exercices pratiques et adaptés à chacun(e) et aux situations rencontrées. Une pratique à tenter soi-même tous les jours.

"Face à un problème complexe, nous ressentons qu’il faut prendre du recul ou de la hauteur. Ces mouvements ou déplacements offrent une perception plus large. C’est l’hypnose."

En fait, on fait énormément d’autohypnose sans le savoir, simplement en ressentant le corps : j’ai trop mangé, je me calme ; je suis fatigué, il faut que j’aille m’asseoir ; j’ai froid, je vais m’habiller…

"C’est ceux qui s’absentent du corps qui sont désorientés. Si, par la lecture, on arrive à se replacer, l’autohypnose est tout à fait faisable. Et si, de temps en temps, c’est trop compliqué, alors on consulte quelqu’un."

Loin de l’hypnose spectacle

Dans l’hypnose, on remarque une forte influençabilité de l’être humain, ce qui est tout à fait bénéfique, sinon on ne pourrait pas apprendre à lire et à écrire. Elle nous vient des autres, de la nature, de la musique, mais elle peut aussi être utilisée, malheureusement, au music-hall, pour manipuler. Cette hypnose spectacle, ce n’est pas de l’hypnose, c’est de la manipulation, affirme le Dr Jean-Marc Benhaiem.

Nous, ce qui nous intéresse, c’est quand nous parvenons à être vraiment en relation avec l’environnement, pour trouver les meilleurs choix possibles pour construire sa vie.

Comment entre-t-on dans la transe hypnotique ?

Il faut arrêter de penser, explique Jean-Marc Benhaiem.

"Mais ce n’est pas simple, parce qu’on veut tout maîtriser, on veut tout contrôler, mais du coup on reste en dehors de. Or, il faut arrêter de penser, et rentrer dans le corps. Dans les bras, dans les jambes, dans la perception de l’espace. Et là, on apprécie l’endroit ou au contraire on ne se sent pas en sécurité. C’est le feeling et l’intuition qu’on développe avec l’hypnose."

Il se passe des phénomènes complètement physiologiques, qui ne sont pas volontaires, qui font qu’un savoir intellectuel a besoin d’être intégré dans le corps pour modifier notre façon d’être. La nuit peut par exemple nous aider à assimiler des savoirs, de façon quasi magique.

"L’exercice sera différent chez chaque personne. Avec ces questions : êtes-vous tout le temps dans le mental, à réactiver des peurs, des croyances, le passé ? Ou avez-vous l’équilibre ? Êtes-vous présent là, maintenant ? Et c’est cet équilibre qui nous permet d’être disponibles pour apprendre et agir. Il faut être hyper présent. Et qui est hyper présent ? Le corps. Et si on redevient le corps, un peu comme un sportif, alors on peut repasser à l’action."

Que permet l’hypnose contre les addictions ?

En quoi le fait de se sentir bien dans son corps va nous aider à arrêter une addiction ?

C’est très simple, affirme Jean-Marc Benhaiem. Intellectuellement, on sait très bien que le tabac, par exemple, est une plante mortelle mais on continue à dire que c’est notre ami. Le praticien va demander au patient quelle est la partie de son corps qui n’aime pas le tabac : cela peut être la bouche, les poumons, les artères…

Il faut alors que le patient devienne cette bouche, ces artères, ces poumons ! Pour qu’il puisse modifier la croyance. Parce que les poumons n’ont jamais dit que le tabac est leur ami, tandis que la tête, le circuit de la récompense, le considère comme convivial, comme une petite pause.

C’est la perception du corps qui modifie la perception que l’on a de quelque chose. Et beaucoup de patients parviennent à s’arrêter tout seuls, parce que l’image ne leur convient plus.

C’est un chemin où il faut, non pas raisonner, puisqu’on sait tout, mais où on ressent quelque chose et cela change complètement la relation qu’on a à une drogue ou un empoisonnement.

La condition est d’avoir déjà commencé à ressentir que ça ne va pas. C’est une lutte entre le circuit de la récompense dans le cerveau et le corps qui pâtit de l’addiction.

On croyait que l’hypnose, c’était pour dormir, mais en fait c’est pour nous réveiller. En disant : tu n’es pas présent, tu n’es pas dans ton corps. […] Ressentir le corps, devenir le corps, c’est vraiment le chemin pour changer de point de vue et de perception.

Chacun son chemin

Il faut accepter le chemin du patient : certains vont résoudre le problème en une ou deux séances. D’autres auront besoin d’un suivi. Mais cela n’a rien à voir avec des thérapies longues, où on parle indéfiniment, précise Jean-Marc Benhaiem. Non, on passe à l’action pour modifier la perception.

Comment passer de la souffrance au soulagement ? Il faut brouiller quelque chose. On attend que la personne sorte de ses certitudes, de ses peurs, pour retrouver un autre équilibre, un autre agencement, pour reprendre confiance.

Deux approches sont possibles :

  • Soit on détourne son attention vers quelque chose d’agréable. C’est ce qu’on fait au bloc opératoire.
  • Soit on laisse se vider la tête, via des exercices. On propose par exemple au patient de visualiser une image. Une image qui tourne dans la tête et permet d’entrer dans un autre monde que l’intellect. Ou on lui propose de laisser descendre dans le corps 'le potage' qui est dans la tête, qui traverse le cou, dans les bras, le bassin, les jambes, jusqu’à ce que la tête soit vide. Et cela fonctionne, parce que c’est un chemin naturel.

Un exercice ?

Regardez autour de vous d’une manière quasiment scientifique, dans le contrôle.
Regardez combien il y a de fenêtres, de fauteuils, de chaises, quelle est la couleur des murs.
C’est votre pensée qui maîtrise.

Maintenant, on change de style.
Ne regardez plus les objets en comptabilisant, en critiquant.
Laissez-vous ressentir…
Êtes-vous à l’aise dans ce lieu…
dans ce local…
avec ces collègues qui vont, qui viennent…


On passe d’une perception restreinte, qui est : je veux maîtriser,
et on va dans :
est-ce que je me sens à l’aise dans mes poumons… dans mes épaules…
est-ce que je me sens en sécurité…

 

Il ne s’agit pas seulement de passer d’une perception extérieure à une perception plus intérieure, car si on essaie d’être à l’aise dans un lieu, on doit aussi ressentir tout, l’environnement, la nature, les arbres. Mais c’est le corps qui va nous dire si on est à l’aise ou pas.

L’hypnose est-elle possible pour les enfants ? Pour les problèmes de couple ?

Ecoutez ici la suite des explications du Dr Jean-Marc Benhaiem.

>> Pour aller plus loin

L’Institut de Nouvelle Hypnose propose des ateliers pour le sevrage tabagique, le poids, la boulimie, la gestion du stress, des émotions, la confiance en soi, la prévention du burn out, l’épuisement, l’épanouissement sexuel, les troubles du sommeil, la gestion de l’énergie, etc…

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