C’est un autre Vladimir qui exerce son pouvoir à l’Est, à la tête non pas du pays mais de la religion orthodoxe. Vladimir Mikhaïlovitch Goundiaïev, patriarche de Moscou et de toutes les Russies depuis 2009, est au centre d’un jeu d’influence entre les croyants et le pouvoir du président Poutine.
Exerçant son pouvoir religieux sur 150 millions d’orthodoxes russes, celui mieux connu sous le nom de Kirill (ou Cyrrille en français) a mis son influence au service du Kremlin et de celui qu’il qualifie de "miracle de Dieu" pour la Russie. Tous les deux ont une mission commune : "Unir toutes les Russies". Le patriarche voit, tout comme son président, l’Ukraine et la Biélorussie comme des pays "frères", qui auraient dû rester sous la houlette de Moscou.
Entre soutien aux lois homophobes et bénédiction de missiles, le dirigeant religieux âgé de 75 ans est un fervent défenseur de "l’opération spéciale" initiée par Poutine en Ukraine. Une prise de position qui lui a valu d’être dans le viseur de la Commission européenne, qui a envisagé de le sanctionner au même titre que d’autres dirigeants russes.
Une vie dédiée à la foi, à son pays mais aussi à son profit
Contrairement à son grand-père, un prêtre victime des répressions staliniennes, Vladimir Goundiaïev fait ses premiers pas dans l’Eglise de l’époque soviétique, soumise à l’URSS.
En 1965, à seulement 19 ans, il fait son entrée au séminaire de Léningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg), ville natale qu’il partage avec l’autre Vladimir. Il rédige ensuite une thèse, enseigne à l’Académie ecclésiastique et fini par enfiler l’habit monacal quatre années plus tard. Un choix, qui selon sa sœur Elena, citée dans le quotidien populaire Tvoï Den, avait été fait durant ses études : "Si je ne rencontre pas une fille avec laquelle je veux passer le reste de ma vie, je deviendrai moine" aurait-il déclaré.
Il accède ensuite à son premier poste diplomatique dès 1971 en tant que représentant du Conseil œcuménique des Églises à Genève. C’est une fois en place en confédération helvétique qu’il aurait intégré, tout comme le président russe en devenir, les services secrets du KGB.
En Suisse découvrira également le goût du luxe : chalets, ski et montres "swissmade". Un amour de l’horlogerie de qualité que le service de presse du patriarche essaiera d’ailleurs de cacher en 2012, sans succès. Une photo maladroitement retouchée laissant entrevoir dans le reflet de la table une montre Breguet d’une coquette valeur estimée à 30.000 dollars et dont le modèle répond au doux nom de "Réveil du Tsar".