Environnement

Il n’a plus plu en France depuis 31 jours : faut-il s’inquiéter d’une sécheresse chez nous ?

L'invité dans l'actu: Stéphanie ERNOUX du SPW & Pascal MORMAL, météorologue

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Si l’hiver rime généralement avec neige, giboulées et autres réjouissances saisonnales, ce mois de février est jusqu’ici anormalement sec. En France, la situation est même alarmante. Nos voisins n’ont plus connu de véritables pluies depuis 31 jours, égalant ainsi le triste record de 2020.

Le mois de février 2023 devrait d’ailleurs se terminer avec un déficit pluviométrique de plus de 50%, devenant ainsi "l’un des mois de février les plus secs jamais enregistrés depuis le début des mesures en 1959", a annoncé Météo-France. La pluie devrait revenir chez nos voisins dans les prochains jours mais les conséquences de cette sécheresse hivernale commencent à se faire sentirFaut-il dès lors s’inquiéter du manque de précipitations hivernales en Belgique ?

Un mois de février extrêmement sec

Chez nous, comme en France, les 30 derniers jours ont été très secs. "Pour les trois premières semaines de février, on a observé à peine 8 mm de précipitations alors que la moyenne pour un mois de février est de 65 mm. On attend quelques pluies dans les prochains jours mais a priori le mois de février est parti pour être un mois extrêmement sec" commente Pascal Mormal, météorologue à l’Institut royal météorologique.

Pas d’inquiétude pour autant : cette période sèche succède heureusement à une période très pluvieuse qui a concerné le pays entre la fin décembre et la première quinzaine de janvier. Rappelons qu’à l’époque, nous avions même craint localement quelques risques d’inondations. Selon Pascal Mormal, la situation que connaît notre pays n’est donc pas alarmante pour l’instant : "Dans l’ensemble, le bilan de l’hiver, pour la Belgique en tout cas, n’est pas extrêmement inquiétant puisqu’on est autour de 210 mm alors que la moyenne se situe à environ 228-229 mm de précipitations".

Graphique montrant l’évolution des précipitations cumulées sur les 90 derniers jours.
Graphique montrant l’évolution des précipitations cumulées sur les 90 derniers jours. © IRM

La pluie en hiver, déterminante pour l’été

S’il n’y a pas lieu de s’alarmer pour l’instant, Pascal Mormal reconnaît que "le fait qu’on ait assez peu de pluie à cette période de l’année n’est pas idéal". En effet, les pluies automnales et hivernales jouent un rôle primordial dans la recharge des sols et des nappes phréatiques qui constituent des ressources d’eau essentielles en été. "En hiver, les précipitations tombent pendant de longues périodes. Comme il n’y a pas d’évaporation, cette eau peut pénétrer le sol et charger les nappes phréatiques. En été, c’est le contraire, la pluie orageuse tombe rapidement et il y a beaucoup d’évaporation. Normalement, ce sont les précipitations d’hiver qui remplissent les nappes phréatiques" explique Xavier Fettweis, professeur de Climatologie à l’ULiège.

La sécheresse que nous connaissons en ce mois de février ne permet donc pas un rétablissement optimal des nappes phréatiques, épuisées par la sécheresse historique de l’an dernier. "Si on a un hiver très sec, il est fort probable qu’on ait également un été très sec" ajoute le climatologue.

De possibles conséquences climatiques à long terme

Une photo aérienne par drone montre l’arrosage d’un champ à Bassenge, lundi 3 août 2020.
Une photo aérienne par drone montre l’arrosage d’un champ à Bassenge, lundi 3 août 2020. © Belga

Les premiers signaux prévisionnels indiquent le risque d’un printemps plus sec et plus doux que la moyenne : "Dans les prochaines semaines, il est fort probable qu’il pleuve très très peu en Belgique, alors qu’il va pleuvoir en France. Début mars, les conditions en Belgique risquent d’être fort semblables à celle du nord de la France actuellement."

Si cette situation se prolonge durant le printemps, cela pourrait entraîner des conséquences au niveau climatique et notamment des températures extrêmes en été. "Plus le sol est sec, plus cela amplifie les températures qu’on pourra avoir pendant l’été. La végétation sera également plus vite en situation de stress hydrique car elle va très vite épuiser le peu d’eau qu’il y a dans le sol. Il pourrait également y avoir un risque accru d’incendies, qui arriveront de toute façon avec le réchauffement climatique mais qui pourraient arriver déjà cet été si la tendance se poursuit" explique Xavier Fettweis.

Quant à savoir si la Belgique est suffisamment préparée, le climatologue répond : "On considère toujours en Belgique qu’on a de l’eau à tout moment. Avec le réchauffement climatique, on risque d’avoir des cas de pénurie d’eau en été chez nous et il faudra y faire face."

Rappelons toutefois qu’il est encore trop tôt pour présager une éventuelle sécheresse estivale car les prévisions météo à moyen terme ne sont pas toujours fiables. "Elles peuvent changer du jour au lendemain" conclut le professeur de Climatologie à l’ULiège.

Sur le même sujet : extrait JT (20/02)

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