"Il serait possible de recréer des forêts sur 900 millions d’hectares morcelés sur la planète"

Dans l’état actuel des forêts, ce ne sera pas une solution suffisante. Il faut non seulement arrêter la déforestation des grandes forêts tropicales, surtout en Amérique du Sud et en Asie du sud-est, mais en plus conserver nos forêts, et attribuer toute une série de surfaces pour la restauration d’écosystèmes forestiers les plus naturels possible. La conservation couplée à la restauration pourront aider à maintenir l’équilibre.

Planter un arbre ? Cette expression un peu simpliste est utilisée comme 'greenwashing' par de grandes entreprises qui se dédouanent ainsi de leur responsabilité de pollueur. Mais c’est bien plus que cela, il est nécessaire de recréer un écosystème forestier complet. La forêt occupait jusqu’au XIXe siècle la moitié de la surface terrestre. On a déjà perdu un tiers de la superficie forestière d’avant l’époque industrielle. A ce jour, les forêts occupent 4000 milliards d’hectares, soit à peu près un tiers de la superficie mondiale. Pour Jean-François Bastin, on peut récupérer en partie cet immense espace forestier : 

Il serait possible de recréer des forêts sur 900 millions d’hectares morcelés sur la planète, l’équivalent de deux fois la superficie du bassin amazonien, ce n’est pas rien.

De ces écosystèmes dépend notre survie. Une forêt, ce n’est pas qu’un ensemble d’arbres similaires alignés. C’est un habitat pour des milliers d’espèces animales, végétales, invertébrées. Il y a une intelligence de l’environnement naturel, une logique dans la manière dont la forêt s’organise. 80% de la biodiversité terrestre est localisée dans le biotope de la forêt.

La crise climatique survient parce qu’on détruit la biodiversité. Dissocier les deux n’a pas de sens. Les COP ‘biodiversité’ sont aussi essentielles que les COP ‘climat’ pour préserver la planète.

Au chevet de la Terre, le GIEC existe depuis 35 ans. Ce regroupement de scientifiques internationaux établit l’état des lieux de la planète et du changement climatique. Ce rapport devrait servir aux instances décisionnelles pour prendre les bonnes décisions. Or la situation s’empire chaque année. Le taux de carbone est toujours plus à la hausse.

Nous n’allons pas dans la bonne direction. Avoir un rapport de scientifiques qui est communiqué à des décisionnaires qui ne prennent pas de décision, ce système-là ne fonctionne pas. Ce qui me donne de l’espoir ces dernières années, c’est de voir qu’au lieu de percoler au niveau politique, ce rapport percole chez la population, qui est conscientisée et qui se sent concernée par cette problématique. C’est elle qui pousse les politiques à prendre quelques décisions.