Aujourd’hui, les nombreux fans de Pierre Rapsat auront sans doute une pensée émue envers le chanteur verviétois. En ce 20 avril 2022, cela fait en effet 20 ans que Pierre Rapsat nous a quittés des suites d’un cancer foudroyant. Pierre Rapsat s’est éteint au terme d’une carrière de 30 ans en tant qu’auteur-compositeur-interprète avec par-dessus tout un amour pour la scène tant il aimait la proximité avec son public.
La scène, son meilleur médicament
Bien qu’affaibli par ses traitements, Pierre Rapsat aura encore donné 3 concerts quelques semaines avant son décès : à Malmedy, Verviers et Ath. La scène, disait-il, était son meilleur médicament. Cette proximité avec ses fans mais aussi ses amis explique d’ailleurs en partie qu’il n’est vraiment jamais monté à Paris : "C’est un peu con, mais j’aime bien mon pays, j’aime bien de vivre en Wallonie, j’aime bien les gens avec qui je travaille" expliquait-il.
Début des années 70, ses premiers groupes, Laurélie et Jenghiz Khan présagent l’une des plus grandes carrières solo d’un chanteur belge. New York, en 1973, est un succès. Puis ce tournant : l’inattendue participation à l’Eurovision de 1976 avec Judy and co, et une 8ème place à la clé : "J’ai hésité beaucoup à faire l’Eurovision" disait-il. "Il y avait les pour et les contre. Les contre qui disaient que c’était ringard, et les pour qui disaient qu’avec une bonne chanson, on n’avait pas l’air idiot."
Tout ce qu’il nous reste, c’est d’aimer les étoiles
Tous les spots s’allument alors sur le Verviétois, et dans les années 80, albums et tubes s’enchaînent, mélanges de rock mélodieux et de balade. S’il remplit Forest National en mai 1986, les années 90 sont plus difficiles, hormis l’album Brasero, mais en 2001, c’est le Graal : Dazibao triomphe avec ses titres phares "Les rêves sont en nous" et "Ensemble". "J’ai le sentiment qu’avec cet album, j’ai trouvé ce que je cherchais. Maintenant, je déguste un petit peu tout ce travail" confiait-il à l’époque.
Hélas, il n’en profitera guère. "Tout ce qu’il nous reste, c’est d’aimer les étoiles" chantait-il. Vingt ans plus tard, son étoile brille toujours dans les cœurs.
C’était un bosseur
Pierre Rapsat a marqué et marque toujours les générations ; c’était aussi un grand professionnel, selon ses anciens musiciens. Jean-François Maljean a été claviériste de Pierre Rapsat à ses débuts ; ils partageront plusieurs albums et seront complices sur scène comme en répétition où ça ne rigolait pas vraiment. "C’était un bosseur, confirme Jean-François Maljean, donc, forcément, dans la musique, même si on est doué, on n’arrivera à rien si on ne travaille pas. Donc il bossait, il était évidemment doué, fallait bosser, on répétait presque tous les jours. Il nous a appris ça. "
Rapsat était avant tout un formidable artiste qui maniait les différents registres musicaux avec maestria, d’où cette question : Raspat rockeur ou pas ? "Ce n’était pas un rockeur à la ACDC ou Deep Purple, poursuit Jean-François Maljean, il aimait beaucoup les Beatles, c’était toujours du rock teinté de mélodies. Il pouvait faire aussi des chansons plus soft, des ballades, …"
Aujourd’hui, Pierre Rapsat reste ancré dans le cœur de ses nombreux fans. Pour Francis Geron, le patron du Spirit of 66 mais aussi son premier bassiste, le vide est grand : "c’était quelqu’un d’absolument charmant, c’est une grande perte. A la fois au niveau humain et à la fois au niveau artistique. Je pense que, au moment où il a disparu, il commençait à atteindre sa plénitude artistique. Les dernières chansons étaient magnifiques. On ne pouvait qu’espérer qu’il continue dans cette voie-là… "
Le destin en a décidé autrement : Pierre Rapsat n’avait que 53 ans quand il nous a quittés, laissant un héritage de 16 albums.