Le temps passe et les supporters marseillais continuent de le dire à qui veut bien l’entendre : "À jamais les premiers !". En 1993, l’Olympique de Marseille devenait en effet le premier représentant français à décrocher la Ligue des Champions. Clin d’œil de l’histoire, ils sont également… les derniers à l’avoir fait. Depuis l’eau a bien coulé dans le Vieux Port. À l’heure actuelle, difficile d’imaginer Payet et consorts rivaliser avec les plus grands clubs européens comme dans le début des années 90.
L’équipe : une base tricolore sublimée par une attaque étrangère
Après le départ de Jean-Pierre Papin fin de la saison 91-92, Marseille cherche de quoi renforcer son secteur offensif. Les dirigeants vont finalement opter pour une solution double. D’un côté, l’expérimenté Rudi Voller, vainqueur de la Coupe du monde avec l’Allemagne deux plus tôt et de l’autre Alen Bokšić, jeune Croate prometteur de 22 ans. Souvent accompagné par Abedi Pelé sur le front de l’attaque, ce duo va parvenir à inscrire 40 buts toutes compétitions confondues. De quoi en faire un des plus prolifiques d’Europe.
Derrière ce secteur offensif composé de joueurs étrangers, Raymond Goethals peut compter sur pléthore d’éléments tricolores. Des confirmés Boli et Sauzée au jeune Barthez en passant par Desailly ou encore Deschamps, les qualités ne manquent pas.
Le parcours : solide derrière et souvent inspiré devant
À l’époque, si la Ligue des Champions adopte un nouveau nom en délaissant l’ancienne appellation de Coupe des clubs champions, elle n’en oublie pas pour autant certains fondements. Ainsi, seuls les clubs réellement titrés dans leur championnat accèdent à la prestigieuse compétition européenne. Après des seizièmes et huitièmes de finale disputés en aller-retour, les huit dernières équipes sont réparties en deux poules. La victoire vaut deux points. Les premiers de groupe s’affrontent ensuite en finale.
Pour son entrée dans la compétition, Marseille ne tremble pas et s’impose 8-0 au cumul des deux matchs face au modeste Glentoran, champion d’Irlande du Nord. La bande à Deschamps peine davantage au tour suivant en devant se contenter d’un nul au Dinamo Bucarest avant de prendre le meilleur à domicile (2-0). Versés dans un groupe avec les Rangers, Bruges et le CSKA Moscou, les Olympiens concèdent trois partages mais se montrent inspirés dans le rectangle adverse à domicile (ndlr : 3-0 et 6-0 contre Bruges et le CSKA). Marseille se qualifie pour la finale avec 9 points soit une unité de plus que les Rangers. Dernier obstacle pour soulever le trophée : l’AC Milan de Maldini et Van Basten.
La finale : Basile Boli libérateur
Au coup d’envoi, la physionomie du match semble claire. Ultra-dominateurs sur la scène européenne (ndlr : 23 buts inscrits pour un seul encaissé), les Rossoneri sont favoris. Clin d’œil de l’histoire, les Phocéens retrouvent Jean-Pierre Papin, leur ancien buteur maison. Le Français est néanmoins sur le banc.
Dès l’entame de la rencontre, les Milanais se projettent à outrance. Acculés, Barthez et consorts tiennent bon grâce notamment à plusieurs arrêts décisifs du portier français. En fin de première mi-temps, Basile Boli gêné par des douleurs au genou demande son changement. Goethals refuse et oblige le défenseur à rester sur le terrain. Un choix décisif. Quelques instants plus tard, sur un corner d’Abedi Pelé, Boli s’élève plus haut que toute la défense italienne pour placer le cuir au fond des filets.
Au retour des vestiaires, les protégés de Bernard Tapie vont tenir bon pour s’offrir un sacre inédit. De quoi devenir le premier club français mais également le dernier à soulever la coupe aux grandes oreilles. Depuis, Monaco et le PSG ont eu leur chance mais ont échoué.
Et ça, c’est et ça restera une grande fierté dans le sud de la France.