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Il y a 30 ans, Peyo nous quittait

Pierre Culliford, alias Peyo, le père des schtroumpfs.

© Belga

Il y a 30 ans, les Schtroumpfs devenaient orphelins. Si aujourd’hui le monde entier connaît ces petits lutins bleus, moins nombreux sont ceux qui connaissent Peyo. De son vrai nom Pierre Culliford, le dessinateur de talent nous a quitté le 24 décembre 1992. Pour l’occasion, Hugues Dayez, auteur de la biographie Peyo l’enchanteur, revient sur sa vie, son parcours mais aussi l’empreinte indélébile que le dessinateur a laissée dans la pop-culture.

Débuts difficiles

Pierre Culliford est né à Schaerbeek le 25 juin 1928. La guerre et l’occupation allemande le poussent à abandonner ses études et à chercher très tôt du travail. Après avoir enchaîné plusieurs petits boulots comme celui de projectionniste au cinéma Mirano, il obtient un poste en tant que gouacheur dans un studio de dessin animé, la CBA (Compagnie belge d’actualités) où il rencontre Franquin et Morris.

Chaque soir, le jeune homme réalise de très nombreux projets de bande dessinée, puisant dans un thème qui lui est cher : le moyen-âge fantastique. "Peyo est le chaînon manquant entre Disney et Hergé. Disney pour le sens du merveilleux, les forêts et les petites créatures. Hergé pour la visibilité de la narration." explique Hugues Dayez. C’est à cette époque qu’on peut observer les prémisses de ce qui deviendra une de ses œuvres majeures : Johan et Pirlouit.

Les années au "Journal de Spirou" et la naissance des Schtroumpfs

Peyo entre au Journal de Spirou en 1952. C’est grâce au coup de pouce de Franquin, le recommandant auprès de Charles Dupuis, qu’il a pu se faire une place. Le père de Gaston fut d’ailleurs un véritable ami et mentor pour Peyo, et ce dernier appris énormément en quelques années grâce à ses conseils.

En dix ans, Peyo fait des très grands progrès et réalise en solo une douzaine d’aventures de Johan et Pirlouit. Mais c’est en 1958, dans le neuvième album, initialement intitulé La flûte à six trous puis rebaptisé La flûte à six Schtroumps, qu'on peut apercevoir pour la première fois les fameux Schtroumpfs qui propulseront la renommé du dessinateur. En effet, les petits lutins bleus sont de base un "spin-off" de Johan et Pirlouit qui ont rapidement pris le dessus en popularité.

"Peyo, sur le plan du découpage et de la mise en scène est le plus efficace de tout le Journal de Spirou. […] Franquin disait 'vous punaisez une planche de Peyo, vous reculez de 3 mètres, même si vous ne savez plus lire les bulles vous comprenez ce qu’il se passe dans l’action.'" raconte Hugues Dayez.

Selon Hugues Dayez, Peyo est indissociable de l’âge d’or du Journal de Spirou, qui est lui-même est fondamental dans l’histoire de la bande dessinée. Il faisait partie du "carré d’as" avec Franquin (Spirou & Fantasio, Gaston Lagaffe), Morris (Lucky Luke) et Roba (Boule & Bill). Ils étaient les 4 auteurs les plus populaires et ont forgé ce qu’on appelle "l’école de Marcinelle", qui désigne le style humoristique propre au Journal de Spirou.

 

Les Schtroumpfs à l’écran et la "Smurfmania"

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Les Schtroumpfs gagneront en succès et les commandes publicitaires vont rapidement affluer. Peyo, dessinateur lent, se retrouvera contraint de faire appel à une armée d’assistants (dont Waltéry) et créera son propre studio à Uccle. C’est aussi à ce moment que les Schtroumpfs envahissent les petits et grands écrans. Premièrement par les courts-métrages du studio TVA Dupuis, puis par le film la Flûte à six Schtroumpfs en 1975, et puis par les studios Hanna-Barbera et la fameuse "Smurfmania".

Le merchandising schtroumpf bat son plein dans les années 70. Aux Etats-Unis, le directeur de la chaîne de télévision NBC Fred Silbermann remarque que sa petite-fille ne se sépare jamais de sa peluche Schtroumpf. De fil en aiguille, un contrat se met en place entre la NBC, les studios d’animations Hanna-Barbera et la SEPP, la société de droits dérivés mise en place par Dupuis. Le succès sera immédiat et exceptionnel, battant des records d’audience.

S’en suivront aussi à titre posthume les longs métrages en image de synthèse comme The Smurfs, en 2011.

Peyo se retrouvera cependant noyé par ce succès. La succession des épisodes, les nombreux voyages à répétition pour différents contrats et licences ainsi que des problèmes de santé ont usé le dessinateur. "Les Schtroumpfs l’ont bouffé" disait la veuve de Peyo, Nine Culliford, à Hugues Dayez. Le dessinateur tentait tant bien que mal de garder le contrôle sur l’exploitation commerciale de son œuvre. Il sort malgré tout Le Schtroumpf financier au crépuscule de sa carrière, avec un ultime retour à la bande dessinée.

© Belga

Son héritage

Interrogé sur l’héritage artistique de Peyo, Hugues Dayez répond : "On retrouve du Peyo dans Gos et Le Scrameustache, dans Cédric, dont l’inspiration provenant de Pirlouit est évidente. C’est très difficile de faire du Peyo. On croit que c’est facile car c’est simple et pur, on peut éventuellement copier le graphisme, mais pas la narration."

Le nom Peyo est aujourd’hui devenu, comme Walt Disney, une marque. Ses enfants continuent de gérer son œuvre mondialement connue. IMPS, LAFIG et Peyo Productions, basés à Genval, détiennent mondialement les droits de la licence Schtroumpf.

Par son œuvre dont les Schtroumpfs occupent sans surprise une place colossale, Peyo a su étendre sa notoriété aux quatre coins du monde et créer une icone de pop-culture non négligeable.

 

 

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