Le 30 janvier, en milieu d’après-midi, 15.000 personnes s’étaient rassemblées à Derry/Londonderry, en Irlande du Nord (Royaume-Uni).
Elles venaient manifester pour les droits civiques, contre certaines discriminations des catholiques vis-à-vis des protestants. L’une des revendications de la marche était la suppression d’une nouvelle décision du gouvernement nord irlandais, l’été précédent : la possibilité d’enfermer quelqu’un sans procès s’il était soupçonné de prendre part aux "troubles", c’est-à-dire les violences qui marquaient le quotidien à cette période-là. C’est ce que les autorités avaient imaginé comme solution pour ramener le calme.
La tension était alors de plus en plus forte en Irlande du nord entre les nationalistes "Républicains", catholiques tournés vers Dublin, favorables à une unification de l’île en grande république d’Irlande, et les "loyalistes", protestants tournés vers Londres, fidèles à la couronne d’Angleterre. Les émeutes, les bombes incendiaires, les confrontations avec les forces de l’ordre se multipliaient. Les paramilitaires de l’IRA, l'"Armée républicaine irlandaise", multipliaient les attaques de soldats britanniques.
Cette mesure d’enfermement sans procès n’a pas apporté le calme escompté. Au contraire, elle a attisé les tensions en toile de fond de cette marche pour les droits civiques.