Quelques jours plus tôt, le soir du 28 février de cette même année 1953, Staline avait invité à dîner ses plus proches collaborateurs dans sa datcha de Kountsevo, à quelques kilomètres du Kremlin. Parmi eux, Nikita Khrouchtchev qui prendrait la succession de Staline à la tête du Comité central du Parti et deviendrait, mais il ne le savait pas encore, le nouvel Homme fort d’Union soviétique. Ils mangent donc, ils boivent et vers 5 heures du matin, Staline raccompagne ses camarades.
Le lendemain, ses gardes s’étonnent de ne pas le voir apparaître, mais la consigne est claire, on ne pénètre pas dans les appartements de Staline sans son autorisation. Ce n’est donc qu’en fin de soirée, vers 22 heures, que la femme de chambre va entrer dans l’espace privé de Staline et découvrir le grand homme au sol, frappé par une attaque cérébrale.
On rappelle d’urgence les convives de la veille, les hommes forts du Parti, ce sont les seuls qui peuvent convoquer des médecins pour soigner Staline qui respire encore faiblement. Mais il y a un tout petit problème : un mois et demi auparavant, Staline avait fait exécuter des centaines de médecins, en proie à sa paranoïa, et le temps de dresser une nouvelle liste de praticiens fiables, ce n’est que le 2 mars qu’ils examinent le tyran désormais condamné. Le 4 mars, l’état de santé de Staline est annoncé au peuple via Radio Moscou avec toute une série de détails pour persuader la population qu’il n’est aucunement question d’assassinat et Staline meurt le lendemain, le 5 mars 1953 à 21h50.
La mort de Staline est un tournant dans l’Union Soviétique, et plus largement dans la Guerre Froide. Par exemple, la guerre de Corée, terrain de jeu sanglant des influences soviétiques et occidentales, s’achèvera quelques mois plus tard. Le 5 mars 1953, c’est le monde entier qui est secoué par l’annonce du Kremlin.