A l'Institut Pasteur à Paris, l'équipe de la chercheuse Miria Ricchetti, à la tête du laboratoire de mécanismes moléculaires du vieillissement pathologique, se consacre à la production de mini-cerveaux ou plus exactement d'organoïdes de cerveaux.
Depuis le début des recherches, fin 2020, plusieurs milliers de ces organoïdes ont vu le jour, dont des centaines sont maintenues en vie dans un biofermenteur. A l’œil nu, cela donne de petites boules blanches minuscules, conservées à 37 degrés dans des boîtes de Pétri, qui vont être conservées sous un mouvement constant permettant de faire circuler les nutriments nécessaires et éviter que ces organoïdes ne s'agglutinent les uns aux autres.
Un petit élément d'explication s'impose : dans la nature, après la fécondation de l’œuf, apparaissent rapidement des cellules souches dites "pluripotentes", qui ont la capacité de générer tous types de cellules du corps humain (des cellules neuronales, cellules de peau...).
Or le chercheur japonais Shinya Yamanaka (Nobel de médecine 2012) a réussi, il y a moins d'une vingtaine d'années, à mettre au point une méthode qui permet de reprogrammer en laboratoire les cellules adultes déjà spécialisées (foie, neurones...) afin qu'elles puissent de nouveau donner tous types de cellules.
Ces "cellules souches pluripotentes induites" (iPS) ont marqué un tournant dans l'histoire de la biologie humaine.
C'est justement à partir de cellules iPS que l'équipe de l'Institut Pasteur, s'appuyant sur des protocoles développés par différents laboratoires, génère des organoïdes de cerveaux, obtenant en quelques mois des cellules structurées de 3 ou 4 mm.