La ministre fédérale de l’environnement, Zakia Khattabi présentait ce matin les conclusions de l’étude "Impact de la transition climatique sur l’emploi, les compétences et la formation en Belgique" réalisée par la KUL et ULiège.
L’objectif de l’Union européenne et du gouvernement fédéral belge est d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Et nous devons y préparer notre économie. Elle ne l’est pas suffisamment aujourd’hui. C’est le premier constat posé par le document.
Les lacunes
Moins de 5% des cours dispensés dans les universités et 2,2% dans les hautes écoles universitaires en Belgique couvrent les défis climatiques et environnementaux.
Globalement, plus de 60% des programmes d’enseignement supérieur en Belgique ne contiennent aucun cours faisant référence à ces sujets.
"Il est donc urgent de revoir nos politiques en matière d’enseignement et de formation pour toutes les matières qui touchent à l’environnement. En collaboration avec le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, nous avons réalisé une analyse exploratoire mettant en relation les leviers de décarbonation avec les secteurs" explique Thomas Jossen, consultant au bureau Climact.
En Belgique, les secteurs directement impactés représentent 25% des emplois !
Quels impacts sur les secteurs d’emploi ?
Sur quels secteurs ces changements auront-ils le plus d’impact d’ici 2030 ?
Déjà en 2016, le Bureau fédéral belge du Plan estimait que les secteurs les plus impactés étaient d’abord le service et le secteur de la construction, suivis par l’industrie manufacturière, les transports, le domaine des communications et l’agriculture.
"Nous estimons que 130.000 emplois durables sont nécessaires pour la période à 2050 pour rénover le parc immobilier belge, dont 59.000 dans le secteur du Secteur économique du bâtiment et des travaux publics" poursuit Thomas Jossen.
Le secteur de l’énergie devrait quant à lui connaître des pertes nettes d’emplois, mais celles-ci seront limitées : "même si la réduction de la consommation de combustibles fossiles va affecter les industries de production et de raffinage des combustibles fossiles, cela devrait être compensé par la croissance de l’emploi dans le secteur des énergies renouvelables", rassure le consultant de Climact.
"La transition vers une économie circulaire pourrait contribuer jusqu’à 32% de réduction des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2050. Dans tous les cas, la numérisation est susceptible d’entraîner des transformations d’emplois plus que des pertes ou gains" estime encore le rapport.
Transformer les emplois existants
Cette transition va donc impliquer de devoir redéfinir ou transformer les emplois existants, et se préparer à la disparition d’emplois devenus obsolètes. Les secteurs impactés représentent environ la moitié des emplois.
Zakia Khattabi se veut pourtant optimiste : "Le gain net en termes d’emploi en Belgique sera positif à condition de réorienter les filières de formation et de travailler aussi au niveau de l’enseignement. Les emplois les plus concernés aujourd’hui sont ceux qui sont les plus qualifiés. Mais à courte et moyen terme, cela va concerner tous les publics."
Selon le rapport, il est nécessaire de travailler sur quatre grands piliers afin de réussir la transition climatique :
"D’abord, il faudra renforcer les compétences des métiers existants", indique Quentin Jossen. "Ensuite, il faudra attirer les gens vers ces métiers et les accompagner dans leur trajet de reconversion professionnelle. Enfin, il faudra élaborer un plan d’action conjoint entre les différents niveaux de pouvoir et le secteur privé".
Quelles mesures concrètes ?
Afin de réaliser au mieux cette transition, le secteur public aura un rôle important à jouer selon le consultant de Climact : "Il faudra veiller à ce que des formations pertinentes de reconversion et de perfectionnement soient disponibles pour les travailleurs. Faciliter l’accès à la formation, par des incitations fiscales ciblées sur les actions de formation pour les entreprises (surtout les PME) et la centralisation des informations sur les possibilités de formation et soutien financier sur une plateforme unique", conclut le rapport.
Un catalogue de mesures générales et surtout de bonnes intentions que la ministre de l’Environnement va soumettre à ses collègues du gouvernement et à d’autres niveaux de pouvoir. Ce rapport qui a au moins le mérite de mettre en lumière les lacunes de notre économie et de notre système d’enseignement et de formation.