Impuissant, Bart De Wever s’insurge contre le retrait des militaires du quartier juif à Anvers

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Par Aubry Touriel

À partir du 1er septembre, les militaires ne patrouilleront plus autour de sites qui pourraient être la cible d'attentats, comme le quartier juif d’Anvers. Le bourgmestre Bart De Wever s’insurge contre cette décision. L’absence de la N-VA du gouvernement fédéral a des conséquences dans la ville de son président…

"Une gifle dans le visage de la communauté juive et de la police anversoise". Le titre de Het Laatste Nieuws reprend une citation choc du bourgmestre d’Anvers et président de la N-VA, Bart De Wever qui dénonce l’absence de moyens fédéraux pour assurer à l’avenir la sécurité de la communauté juive. Selon lui, le gouvernement fédéral n’a pas tenu sa parole et contraint les polices locales, notamment à Anvers, à intervenir.

 

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"Après les efforts très appréciés de la Défense, le gouvernement fédéral ne contribuera plus d’aucune manière à la sécurité des institutions soumises à une menace terroriste accrue. La ministre n’a pas tenu sa parole, c’est une gifle pour la communauté juive", gronde le bourgmestre N-VA sur Twitter.

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La ministre fédérale de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), se défend sur le réseau social : "Le bourgmestre Bart De Wever connaît le contexte juridique et budgétaire dans lequel nous avons cherché une solution, en concertation. Il n’est pas question de parole non tenue. J’ai une grande confiance dans le corps de police anversois."

Militaires présents depuis janvier 2015

Depuis le 15 janvier 2015, les militaires étaient chargés d’assurer la sécurité dans certains quartiers à Bruxelles, Anvers et Liège dans le cadre de la mission "Vigilant Guardian". Dans le sillage des attentats du Musée juif à Bruxelles et ceux contre Charlie Hebdo, cette décision a été prise quelques jours après l’attaque déjouée à Verviers où deux djihadistes présumés ont perdu la vie.

Cela fait donc près de sept ans que les militaires patrouillent autour des sites susceptibles d’être la cible d’attentats terroristes, comme le quartier juif d’Anvers. Alors que le maximum de soldats en rue a atteint 1800 au plus fort de la menace terroriste, le gouvernement fédéral avait limité en juin 2018 leur nombre à maximum 550.


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En décembre 2019, l’ancien ministre de la défense, Philippe Goffin (MR), avait réitéré son intention de réduire leur nombre en rue à 200 effectifs et 100 en réserve : "Nous sommes toujours en affaires courantes, le dossier sera sur la table du prochain gouvernement".

Finalement, c’est le gouvernement Vivaldi qui a tranché : la mission "Vigilant Guardian" prend fin le 1er septembre.

Kris Peeters et ses boudins

Lors des discussions sur le déploiement de militaires en rue en 2015, le CD&V était réticent. C’est la N-VA, alors au gouvernement fédéral, qui a pesé de tout son poids. Elle a finalement obtenu ce qu’elle voulait et tous les partis du gouvernement fédéral ont finalement autorisé les militaires de l’armée belge à patrouiller dans les rues des grandes villes belges.

Pour protester contre la présence des militaires en rue, l’ancien ministre CD&V Kris Peeters est venu se balader sur le Meir pour montrer qu'on pouvait circuler en toute sécurité dans la rue commerçante sans avoir besoin de militaires. En chemin, il a aussi acheté un boudin devant les caméras.

Lors d’une réception du Nouvel An en janvier 2016 à Deurne, le bourgmestre d’Anvers commentait : "Anvers est la première ville à avoir fait appel à la défense pour protéger certains sites. J’ai toujours dit que c’était une bonne décision. On en fait tout un foin. Il y a même eu des personnes qui sont venues acheter du boudin pour montrer que ce n’est plus sympa de voir des paras sur Le Meir. Il n’y a jamais eu de paras sur le Meir."


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La situation a bien changé pour la N-VA en quelques années : avec la mise en place du gouvernement Vivaldi, le parti nationaliste se retrouve dans l’opposition. Ces anciens ministres fédéraux Jan Jambon, Johan Van Overtveldt ou Theo Francken sont absents du 16 rue de la Loi.

Place à Annelies Verlinden, aussi du CD&V, au poste de ministre de l’Intérieur et à Ludivine Dedondere (PS) à la Défense. Impuissant face à leur décision, le président de la N-VA doit certainement être nostalgique de l’époque où Charles Michel était qualifié de "marionnette de Bart De Wever.

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