Après trois années de formation, elle revient au plat pays, vend le violoncelle qu’elle a réalisé pendant ses études et ouvre son atelier. Le bouche-à-oreille fonctionne, et rapidement son projet prend de l’ampleur. Aujourd’hui, elle officie depuis près de vingt ans. "Toutes les étapes du métier me plaisent : la rencontre avec les client·es, le travail sur des instruments pour les mettre en valeur, donner le meilleur de moi quand je répare des violons très anciens…"
Entre ses murs, souvent vibrent les notes, mais aussi les émotions fortes. "Je reçois des gens qui retrouvent par exemple un vieux violon qui appartenait à leur mère ou leur grand-mère. Ils me l’amènent sans connaitre la valeur de l’instrument. Je le restaure et lorsqu’ils reviennent, je leur joue quelques notes. La musique donne vie aux souvenirs, beaucoup de personnes en ont les larmes aux yeux…"
Quand j’ai commencé, tout le monde me répétait : ‘c’est un métier d’homme, il faut de la force’, mais tout de suite j’ai senti que j’étais à ma place
Catherine Janssens restaure mais fabrique aussi, et ce en tentant de s’inscrire dans une démarche la plus durable possible. "Philosophiquement ça m’apporte beaucoup. J’essaye de travailler avec des filières respectueuses. La Chine produit des instruments à bas cout qui permettent l’apprentissage démocratisé, mais il faut opérer des choix."
Sa clientèle varie des débutant·es aux grand·es solistes ; elle œuvre sur des violons d’usine comme des Stradivarius conçus il y a 500 ans. "Les grand·es artistes en tournée arrivent souvent en catastrophe à cause des échéances de concert. Leur stress me tombe dessus, parce que finalement leur prestation dépend un peu de moi. Aussi, j’adore le réglage acoustique."