C’est à Nancy qu’elle voit le jour en 1985, mais grandit en Haute-Savoie où sa famille s’installe lorsqu’elle a 6 ans. "Ma maman était hyper sportive. Elle me boostait tout le temps", confie-t-elle. Enfant, Marion Poitevin court, escalade les murets, les arbres. "Ma maman ne me disait pas ‘fais attention, tu vas tomber’, mais plutôt ‘tente d’aller plus haut !’" Son père, grand sportif également, la pousse tout autant. "En famille, nous allions toujours grimper, skier, rouler en VTT, randonner, voler en parapente ou en deltaplane… À la maison, on se serrait la ceinture afin de pouvoir payer ces activités."
Partout, elle suit ses parents avec entrain. "Être une petite fille, ce n’était absolument pas une excuse pour marcher plus lentement, avoir plus froid ou avoir plus peur. Non, il fallait avancer, mais j’adorais ça." Férue de plein air, rapidement l’alpinisme devient pour elle une évidence. À 15 ans, elle réalise sa première course avec son père. "Près du sommet, il m’a proposé de mener les longueurs de la fin, donc je suis arrivée la première, et là j’ai vraiment découvert la sensation de leadership. Ça a été une explosion d’émotions."
À la suite de cette course, elle tente de s’inscrire au club alpin. Un homme âgé la reçoit et la freine dans ses ardeurs. "J’étais jeune, je n’avais aucune crédibilité et c’était compliqué de me faire une place." Finalement, avec l’aide de ses parents, elle parvient à s’engager dans le club d’alpinisme. "J’y ai rencontré trois garçons de plus ou moins mon âge. Je voyais bien que je ne leur inspirais pas confiance pourtant, j’étais meilleure en escalade qu’eux parce que j’en faisais déjà beaucoup en compétition avec mon collège, mais ils ne pensaient pas à m’appeler quand ils partaient grimper."
Ce rejet d’alors, elle l’explique aujourd’hui par les stéréotypes de genre intégrés tout au long de l’éducation, qui continue de séparer les filles et les garçons. "Aussi, si les filles se révèlent souvent moins fortes, c’est parce que nous sommes, pour la plupart, moins sollicitées et encouragées à l’effort, et ce depuis toutes petites."