Pour comprendre le parcours de notre interlocutrice, il faut remonter le fil, le sien, mais aussi celui de ses parents. Sa mère nait en 1936 dans les alentours de Mouscron. "Ma grand-mère était tombée amoureuse de l’ouvrier de son père et ensemble ils avaient ouvert une boucherie. Ma mère, elle, rêvait de dessiner des tapis, mais pour ses parents, c’était hors de question."
Faute de pouvoir suivre la carrière qu’elle souhaite, la jeune femme devient vendeuse dans une boutique haut de gamme à Mouscron. "Elle se rendait à Lille, Bruxelles, Paris, cependant elle vivait encore chez ses parents, devait leur verser sa paye et n’avait aucun homme dans sa vie !"
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À Tournai, âgée de 35 ans, elle se lie d’amitié avec deux étudiants marocains. Leurs discussions l’inspirent et elle décide de partir visiter le Maroc avec l’une de ses amies. "Le dernier jour du voyage, le chauffeur de leur bus les a invitées à participer à une fête. Ma mère y a rencontré un homme, celui qui allait devenir mon père. Ce soir-là, ils ont échangé des adresses." De 1971 à 1973, les deux correspondent et la Mouscronnoise finit par retourner au Maroc. Petit à petit s’installe une relation secrète et à distance. "Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé entre eux, mais en 1976, j’ai vu le jour ! À 40 ans, ma mère a fait un enfant toute seule avec un 'Arabe en province'… Pour mon père, il était hors de question de venir vivre en Belgique, mon existence était liée à un secret de famille au Maroc."
À 14 ans, une fille a traversé toute la cour pour m’apporter une éponge en me demandant de me nettoyer la peau