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Incidents violents : sous le gouvernement du nationaliste Modi, il n’est parfois pas bon d’être musulman en Inde

© AFP or licensors

Un nouvel accès de violences religieuses a eu lieu en Inde lundi : des militants hindous ont pris d’assaut et incendié le domicile d’un ancien ministre indien des Affaires étrangères.

Selon la police, une vingtaine de membres d’un groupe hindou extrémiste local se sont rassemblés devant la maison de Salman Khurshid à Nainital, dans le nord de l’Inde. Scandant des slogans anti musulmans, ils ont lancé des pierres sur le domicile de l’homme politique, avant de mettre le feu à sa porte d’entrée. Selon le quotidien Times of India, les manifestants ont aussi brûlé une effigie de l’ancien ministre, ils ont tiré des coups de feu et menacé la belle-fille du concierge avec une arme à feu.

L’ancien ministre des Affaires étrangères (2012-2014) était sorti avec sa famille au moment des faits, mais il a publié sur les réseaux sociaux des photos des dégâts causés par l’attaque. "Donc, tel est le débat désormais. La honte n’est pas un mot assez fort, a-t-il réagi. J’espérais ouvrir ces portes à mes amis qui ont laissé cette carte de visite. Ai-je encore tort de dire que cela ne peut pas être l’hindouisme."

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Salman Khurshid, membre musulman du principal parti d’opposition, le Parti du Congrès, a publié un livre le mois dernier dans lequel il compare ce type de nationalisme hindou extrémiste, promu sous le mandat du Premier ministre indien Narendra Modi, au groupe Etat islamique.

Nationalisme religieux exacerbé

D’autres incidents interpellants ont eu lieu il y a quelques semaines, après un match de la Coupe du monde T20 de cricket, qui opposait, le 24 octobre dernier à Dubaï, l’Inde au Pakistan, nation musulmane. Pourtant grande favorite, l’Inde s’était inclinée aux termes de la rencontre face à son adversaire, et éternel ennemi politique. Mais certains joueurs issus des deux équipes accordent sans doute peu d’intérêt à cette rivalité. Et l’image était belle à la fin du match : le capitaine indien, Vrait Kohli, embrasse le joueur pakistanais Mohammad Rizwane.

Le capitaine indien Virat Kohli félicitant le joueur pakistanais Mohammad Rizwan le 24 octobre dernier
Le capitaine indien Virat Kohli félicitant le joueur pakistanais Mohammad Rizwan le 24 octobre dernier © AFP or licensors

Mais cette photo ne résume pas du tout l’état d’esprit des nationalistes hindous en Inde. Quelques minutes à peine après la fin du match, des insultes pleuvent sur les réseaux sociaux. Elles visent le seul joueur musulman de l’équipe indienne, Mohammed Shami. Il est accusé d’être un traître à l’Inde. Mais ce n’est pas tout : des supporters du Pakistan seront pourchassés par la police à travers tout le pays… Une répression, parfois très sévère, approuvée par des membres du parti de Mahindra Modi.

Les défenseurs des droits humains estiment que les minorités religieuses de ce pays à majorité hindou font face à des discriminations et des violences de plus en plus importantes depuis l’arrivée au pouvoir du parti nationaliste Bharatiya Janata Party (BJP) du premier ministre indien Narendra Modi en 2014. En 2020, la Commission américaine sur la liberté de religion internationale a classé l’Inde comme "pays particulièrement préoccupant" pour la première fois depuis 2004.

Le gouvernement Modi nie avoir un projet radical de "Hindutva" (hégémonie hindoue) et assure que les habitants jouissent d’une égalité de droits quelle que soit leur religion.

De nombreux incidents mortels ont déjà eu lieu dans le pays.

Pays de 1,3 milliard d'habitants, l'Inde est composé à 80% d'hindous. Le pays compte cependant la deuxième population musulmane la plus importante au monde, avec 170 millions de musulmans, soit 14% de la population indienne. Cette minorité se sent aujourd’hui menacée. 

En 2019, de violents heurts ont secoué le pays à la suite de l'adoption de la loi sur la citoyenneté. Il s'agit d'un projet de régularisation de réfugiés, à travers une réforme de la loi sur la nationalité. Le parlement indien avait rejeté ce projet en 2016. Il l’a finalement approuvé le 11 décembre 2019. Mais le texte prévoit l'exception pour les réfugiés musulmans, qui; eux, ne pourront pas être régularisés. Suite à l'adoption de cette loi, des exactions ont suivi les manifestations des opposants au texte. Des dizaines de personnes sont décédées.

Les défenseurs des droits humains estiment que les minorités religieuses de ce pays à majorité hindou font face à des discriminations et des violences de plus en plus importantes depuis l’arrivée au pouvoir du parti nationaliste Bharatiya Janata Party (BJP) du premier ministre indien Mahindra Modi en 2014. En 2020, la Commission américaine sur la liberté de religion internationale a classé l’Inde comme "pays particulièrement préoccupant" pour la première fois depuis 2004.

Le gouvernement Modi nie avoir un projet radical de "Hindutva" (hégémonie hindoue) et assure que les habitants jouissent d’une égalité de droits quelle que soit leur religion.

De nombreux incidents mortels ont déjà eu lieu dans le pays.

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