Le Marché Matinal sur La Première était consacré ce mardi matin aux agences immobilières sociales wallonnes. Il y en a 33 et elles gèrent ensemble plus de 7500 logements.
La hausse des prix de l’immobilier et des loyers qu’on connaît actuellement n’entrave pas le développement de ces agences immobilières sociales. Le secteur se développe plutôt bien avec une hausse d’environ 8% par an du nombre de logements gérés. Il est prêt à en gérer encore plus, selon Véronique De Mesmaeker, coordinatrice à l’Union wallonne des agences immobilières sociales.
"Les agences immobilières sociales sont en recherche de tout type de logement. Ça va du studio jusqu’à des maisons de quatre ou cinq chambres. La nature des candidats locataires est très variée également et la variété de notre territoire fait que nous avons autant de profils ruraux qu’urbains. Donc, non, je ne pense pas qu’il y ait spécifiquement des régions qui sont plus demandeuses que d’autres ou plus en manque que d’autres. C’est un secteur qui est assez équilibré, je dois dire, parce que la précarité se retrouve partout. Elle se retrouve tant au niveau des villes que des campagnes. Je ne pense pas qu’il y ait une agence immobilière sociale qui soit plus concernée par le caractère précarisé du public qu’une autre."
Négociation du loyer
C’est tout le défi des agences immobilières sociales : trouver des logements de qualité à des prix abordables pour des ménages précarisés. Des prix abordables, c’est évidemment plus compliqué qu’avant pour une raison assez facile à comprendre.
Véronique De Mesmaeker complète : "Parce que si un propriétaire a dû payer plus cher pour son bien, bien évidemment, il veut une certaine rentabilité, donc il aura tendance à vouloir un retour sur financement plus important. Lorsqu’un propriétaire s’adresse à nous et nous propose un bien pour être mis en gestion, nous négocions avec lui le loyer. Nous partons toujours du principe que le candidat locataire doit être en possibilité de payer son loyer et nous partons du principe que le loyer ne peut pas dépasser 33% de l’ensemble de ses revenus. Ce n’est pas une règle légale, c’est une coutume que nous appliquons dans notre secteur."
Les AIS garantissent le paiement du loyer au propriétaire. Pas question, donc, d’avoir un vide locatif dû à des loyers trop élevés pour leur public.
Au bout du compte, le propriétaire, qui met un bien en location par le biais de ces agences, perd-il beaucoup d’argent par rapport à une mise en location classique ? Entre 20 et 30% du loyer brut, ce qui n’est donc pas rien. Il faut rappeler la mission sociale, expliquer que l’agence immobilière sociale assume toute la gestion administrative et locative du bien, et ce n’est pas négligeable du tout. Elle garantit surtout le paiement du loyer, même s’il y a un vide locatif et même si le locataire ne paye pas.
Avantages fiscaux
Joël Schallenbergh, le directeur de l’AIS Namur, avance un autre argument : "Il y a une série d’avantages fiscaux qui ont été mis en place ces dernières années qui nous aident finalement à résoudre ce problème, notamment les diminutions de taux de TVA lors de l’achat de logements neufs, l’exonération du précompte immobilier, donc la taxe sur le précompte immobilier, des aides fiscales pour les propriétaires qui doivent faire des travaux avant de le remettre en gestion chez nous, parce qu’il faut évidemment que le logement réponde à toutes les normes d’habitabilité, et également des prêts et subventions du Fonds du logement pour les personnes qui ont des travaux plus lourds, qui s’approchent d’une rénovation complète du logement."
Une panoplie d’avantages, donc. La formule séduit en tout cas de plus en plus de propriétaires particuliers en Wallonie, mais pas seulement. Joël Schallenbergh constate que les promoteurs immobiliers n’hésitent plus à s’adresser eux aussi aux agences immobilières sociales pour que ce soit celles-ci qui assurent la gestion des logements.
On a donc un loyer moins important, mais on a beaucoup d’avantages à côté. Ça compense finalement probablement en grande partie cette différence entre la gestion privative qui se fait dans le secteur traditionnel par rapport aux agences immobilières sociales. Un petit peu moins, mais moins d’ennuis.