Sophie Lambert, la bourgmestre faisant fonction de Verviers lors des inondations qui ont touché la ville en juillet, n’a pas reçu le mail annonçant le déclenchement de la phase d’alerte provinciale, a-t-elle assuré vendredi lors de son audition devant la commission d’enquête parlementaire sur les inondations. Lors de son audition de la semaine dernière, la gouverneure f.f. de la province de Liège, Catherine Delcourt, avait bien insisté sur le fait que les mails n'étaient pas le seul moyen de communication en situation de crise, et certainement pas le principal.
Situation "sous-estimée"
Après les bourgmestres d’Eupen et de Limbourg, Claudia Niessen et Valérie Dejardin, c’était notamment au tour de la bourgmestre faisant fonction de Verviers, Sophie Lambert (PS), et du bourgmestre de Theux, Didier Deru (MR) de s’adresser, vendredi après-midi, aux parlementaires régionaux.
"On a eu l’impression que la situation à Verviers était sous-estimée par rapport à ce qu’il se passait à Pepinster", a pointé Sophie Lambert. "Pourtant, le 15 juillet, on a été submergé. Ce jour-là, la catastrophe dépasse totalement notre capacité d’intervention", a-t-elle souligné en faisant part de son sentiment d'"impuissance" et "d’abandon" alors que les membres du collège communal n’ont jamais été formés à la gestion de crise. "C’est la bourgmestre en titre qui est responsable du plan d’urgence. Moi, j’ai été prise de court", a-t-elle admis.
"Je n’ai eu aucun contact direct avec la cellule de crise provinciale. Le seul contact que j’ai eu, c’est avec le planificateur d’urgence", a poursuivi la responsable.
Pire, l’échevine et bourgmestre f.f., qui remplaçait la bourgmestre titulaire Muriel Targnion, en vacances à l’étranger au moment des faits, n’a pas reçu le mail envoyé le 14 juillet à 9h49 annonçant le déclenchement de la phase d’alerte provinciale. "Le gouverneur n’avait pas été averti que je faisais fonction et ce mail ne m’est pas parvenu. Je n’ai pas non plus été avertie par un autre moyen", a-t-elle affirmé aux parlementaires qui s’étonnaient de cette situation.
Le message d’activation de la phase d’alerte provinciale est finalement arrivé une vingtaine de minutes plus tard dans la boîte mail de la directrice générale f.f. de la ville.
Toutefois, dans l’après-midi du 14 juillet, les autorités pensent encore que Verviers sera épargnée, grâce entre autres à l’effet vallée et aux zones tampons que peuvent constituer les champs et les prairies qui bordent la ville.
Ce ne sera pas le cas : Verviers sera fortement touchée et des victimes y seront déplorées. Dans ce contexte, que l’ordre d’évacuation préventif ne soit jamais parvenu à la responsable – "j''ai appris l’existence de cette mesure dans la presse quelques jours plus tard" – a fait réagir les députés. "Vous avez été court-circuitée", a ainsi estimé François Desquesnes (cdH).
Des ponts qui créaient des barrages temporaires à Theux
Ces derniers ont ensuite entendu Didier Deru, le bourgmestre de Theux, qui s’est particulièrement attardé sur l’évacuation des camps des mouvements de jeunesse installés sur sa commune.
"Il y a beaucoup de ponts à Theux. Les déchets, les débris, les arbres s’y amassaient. Lorsque ça lâchait, ça créait une vague", a-t-il par ailleurs expliqué.
"Nous avons été confrontés à une catastrophe inédite. Chacun a réagi du mieux qu’il le pouvait avec les moyens insuffisants dont il disposait. C’est la solidarité remarquable qui a permis d’atténuer la lourdeur des événements", a résumé le bourgmestre.
"Ces cataclysmes se reproduiront. C’est à nous de réfléchir à ce qui peut être mis en place. Mais reconnaissons qu’actuellement, le chemin est encore long", a-t-il conclu.
Vendredi prochain, la commission d’enquête entendra notamment les bourgmestres de Chaudfontaine, de Pepinster et de Trooz.