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Inondations en Wallonie : "Un besoin criant de culture du risque", selon la commission d'apprentissage

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Par Belga

Il y a un "besoin criant de culture du risque" au sein de la population. Telle est l'une des conclusions de la commission d'apprentissage mise en place par le gouvernement fédéral après les inondations de juillet 2021 et qui sera présentée mardi en commission de l'Intérieur de la Chambre.

La commission, dont le rapport remonte à la mi-octobre 2022, a analysé la mise en oeuvre des plans d'urgence lors des inondations qui ont frappé la Wallonie par le biais d'une recherche documentaire mais également à travers de nombreux entretiens. Elle s'est notamment concentrée sur l'implication de la population. 

Parmi les éléments qui reviennent de manière récurrente, note-t-elle, figure la difficulté de décider des ordres d'évacuation et de convaincre la population d'évacuer. Le rapport insiste sur "la très faible préparation de la population à la gestion de crise et, plus largement, à la culture du risque". "Dans la plupart des cas, ce n'est que quand la montée des eaux a été visible dans un environnement proche que les habitants des zones sinistrées ont pris la décision de partir. Nombre d'entre eux sont restés coincés dans leur habitation et ont dû attendre de longues heures pour pouvoir être sauvés", ajoute-t-il.

Du nombre de personnes sondées, il ressort que 24,7% seulement sont parties de chez elles. Deux tiers des personnes interrogées disent ne pas avoir été prévenues. Quant à celles qui l'ont été, dans la grande majorité, les messages ne parlaient pas d'une évacuation mais de bouger leur véhicule ou de s'installer au premier étage.

La difficulté de prévoir l'ampleur de la catastrophe est également de mise chez les autorités. Les premières mesures préparatoires ont été celles qui sont prises en cas de crue habituelle. L'un des problèmes épinglés est le fait que les alertes de l'Institut Royal de Météorologie (IRM) ne sont pas associées à des risques explicites -"impossible de prédire jusqu'où l'eau monterait et jusque quand"-, ce qui rend difficile la prise de mesures appropriées. 

Qui plus est, la fragmentation des compétences entre le fédéral, compétent pour l'IRM, et les Régions, compétentes pour les voies hydrauliques, rend difficile la transmission d'une information complète. Comme il n'y a pas d'automatisme de mesures associées aux alertes, il faut une concertation chronophage.  

Problème de coordination

"Chaque entité assume sa part d'informations (alertes ou situation des voies hydrauliques) mais ces données ne sont pas croisées et livrées aux disciplines et aux autorités communales de manière à ce qu'elles puissent prendre des mesures préparatoires adéquates", souligne le rapport. Celui-ci indique à ce propos que chaque niveau envoie bien des messages mais sans en assurer le contrôle du suivi.  

Un problème de coordination est mis en avant. Les inondations de juillet ont d'abord été gérées comme n'importe quelles inondations avant que ne s'enclenchent dans le désordre les phases communales d'urgence, et pas tant par les alertes IRM que par la prise de conscience immédiate du risque. A ce phénomène s'est ajouté celui de la catastrophe dans la catastrophe puisque plusieurs maisons communales, services des travaux, casernes, etc. ont aussi été inondés. Au niveau provincial, un manque de vision globale s'est posé, notamment en raison de l'absence d'outil permettant de visualiser la situation.

Le déficit de culture du risque ne concerne pas que la population. Le rapport met ainsi également en exergue l'absence de Plan Général d'Urgence et d'Intervention dans un certain nombre de communes, voire une absence de mise à jour de celui-ci parmi celles qui en disposent. 

Selon les données récoltées, ceci s'explique, premièrement, par une faible sensibilisation des autorités communales à la planification d'urgence; par les faibles moyens à disposition des petites communes pour dégager des ressources humaines dédiées et formées à la planification d'urgence; par l'absence de contraintes légales si ces dispositifs de prévention ne sont pas mis en place.

Qui plus est, les intervenants préfèreraient "des fiches plus courtes et pragmatiques", plus focalisée sur les ressources humaines, matérielles et logistiques disponibles.  Le rapport comprend près de 100 pages. Il adresse plusieurs recommandations dont celle de développer une culture du risque en intégrant toutes les parties prenantes, notamment les citoyens, de rendre plus accessibles et plus opérationnels les plans d'urgence ou encore de créer un système d'information commun à toutes les disciplines.

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