"Les commentaires sont relativement incontrôlables", admet l’administrateur du groupe. "Il nous est absolument impossible de lire tous les commentaires. Un post peut générer jusqu’à 300 commentaires. Nous sommes plusieurs à essayer de contrôler mais Facebook est devenu le café du commerce et forcément les commentaires sont parfois très populistes et dérapent très souvent", argumente Lucien Beckers. Les règles du groupe stipulent en effet que les membres doivent être aimables, courtois et non violents. "Les critiques polies sont autorisées. Les attaques 'ad hominem' non respectueuses seront supprimées", peut-on lire sur la page internet.
Mais parfois les critiques sans le moindre filtre s’exportent au-delà du groupe. Pendant l’été, des membres se sont attaqués à une militante. Cette dernière, à travers son blog, veut inciter les gens à troquer la voiture pour la bicyclette.
Découvrez la carte interactive des nouvelles pistes cyclables créées à Bruxelles
La cycliste convaincue s’est réjouie sur sa page Facebook, de la création d’un nouvel aménagement cyclable. Son post est alors partagé sur "L’automobiliste en a marre !". Elle reçoit très vite des messages. "J’ai commencé à recevoir une série de messages haineux de la part de personnes que je ne connaissais pas. Ils m’accusaient de tous les maux, des insultes sexistes le plus souvent, assez violentes et aussi des accusations complètement diffamatoires. Ils m’accusaient de collaborer avec certains partis politiques", témoigne-t-elle. Elle décide alors de fermer ses réseaux sociaux temporairement et de porter plainte. "Je ne comprends pas. Je suis juste une citoyenne qui a choisi un autre mode de déplacement que la voiture pour aller au travail. Je ne comprends pas pourquoi tant de haine", conclut-elle.
Une hausse des tensions dans la rue aussi ?
Dans la rue, en chair et en os, les tensions semblent aussi de plus en plus marquées, selon certains cyclistes. Plusieurs agressions ont été signalées à Bruxelles ces derniers jours. "Il y a une certaine frustration, un agacement qui peut se manifester par des coups de klaxon, parfois aussi des comportements dangereux comme frôler un cycliste", analyse Aurélie Willems, la secrétaire générale du Gracq, l’Asbl qui représente l’intérêt des cyclistes. "On sort du modèle du 'tout à la voiture'. Cela provoque des conflits entre les différents usagers. On constate ce phénomène dans toute une série de villes qui sont entrées en transition. C’est une étape. Normalement, l’étape suivante, c’est une adaptation à cette nouvelle ville et ces nouveaux moyens de transport vers un apaisement général de la situation".
Malgré ces frustrations, remarquons quand même que la plupart des trajets à vélo à Bruxelles se font en toute cordialité et sécurité.