La ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib se rendra au Qatar pour le premier match des Diables rouges mercredi, porteuse d'un message politique de défense des droits humains, dont ceux des LGBT. C'est ce qu'elle a réaffirmé lundi, interrogée par Belga sur l'interdiction par la FIFA aux capitaines d'équipes de porter un brassard "One Love".
"Mes rendez-vous diplomatiques ont été confirmés, donc je vais pouvoir avoir une discussion franche", a indiqué Mme Lhabib (MR), en marge d'un événement européen au palais d'Egmont.
Sept équipes européennes qui avaient prévu de porter le brassard coloré "One Love" en faveur de l'inclusion et contre les discriminations ont renoncé lundi face à la menace de "sanctions sportives" de la Fédération internationale de football (FIFA), une annonce qui a suscité nombre de réactions indignées.
C'est une décision de la FIFA, je n'ai pas à interférer, mon message sera donc politique. Il sera de défendre les droits humains, LGBT, de défendre les minorités, de parler du droit des femmes.
"C'est une décision de la FIFA, je n'ai pas à interférer, mon message sera donc politique. Il sera de défendre les droits humains, LGBT, de défendre les minorités, de parler du droit des femmes", ainsi que du droit du travail, a souligné la cheffe de la diplomatie belge.
Elle s'est dite choquée par les propos récents de Khalid Salman, ancien international qatari et ambassadeur du Mondial 2022, qui a qualifié l'homosexualité de "dommage mental" sur la chaîne publique allemande ZDF.
La ministre voit dans son déplacement au Qatar une manière de soutenir la poursuite des réformes des droits humains et du travail, de "maintenir un dialogue critique qui va permettre à la Belgique et au Qatar d'avancer".
On peut critiquer cette Coupe du Monde, mais ce n'est pas nous qui l'avons décidée.
"On peut critiquer cette Coupe du Monde, mais ce n'est pas nous qui l'avons décidée, cette décision a été prise il y a 12 ans, et elle est critiquable. Maintenant, elle a permis des avancées en droit du travail, mais il faut les poursuivre, c'est tout l'intérêt d'y aller", a ajouté la ministre, qui doit rencontrer des travailleurs sur place. "Un mécanisme de compensation des victimes est déjà en place, il faut voir comment aller plus loin."
Sur les ondes de La Première, ce mardi, le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, soutient sa collègue, la qualifiant de “courageuse”. “La Coupe du Monde, c’est une vitrine politique, c’est la réalité, ajoute-t-il. Et c’est dommage que les équipes de football n’aient pas l’audace de faire plus. [...] Ce n’est pas le ministre de la Justice qui va diriger une équipe de foot, mais c’est important que je porte ce message : pour un ministre de la Justice, les droits de l’homme sont importants.”
C’est dommage que les équipes de football n’aient pas l’audace de faire plus.
Le président du CD&V Sammy Mahdi a lui dénoncé lundi le recul de plusieurs équipes européennes, dont la Belgique. “On ne peut pas, à chaque match, mettre un genou à terre (en signe de protestation contre le racisme, NDLR), et, au Qatar, céder à la menace d'une carte jaune", a-t-il affirmé.
Une déclaration politique forte.
A ses yeux, si la protestation ne peut pas se faire sur le terrain, elle doit au moins se faire à travers "une déclaration politique forte" de la ministre des Affaires étrangères.
Dans un premier temps, le gouvernement avait envisagé de n'envoyer la ministre qu'au cas où les Diables rouges atteignaient les demi-finales, mais le gouvernement dans son ensemble a finalement donné son feu vert pour une présence dès le premier match. Il ne convenait pas de faire dépendre la délivrance d'un message diplomatique de performances sportives, selon Mme Lahbib.