Pour Sergiy Kyslytsya, la réaction de l'ONU à la menace russe, illustrée par le peu d'empressement de son chef à critiquer la Russie, comme il aurait pu le faire il y a des semaines, a été trop tardive.
Que pouvait faire l'ONU ? Pas grand chose
Mais que pouvait faire d'autre l'Organisation des Nations unies, créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour empêcher les conflits? Pas grand-chose en fait. Depuis 77 ans, l'ONU s'est révélée dans l'incapacité d'empêcher une guerre déclenchée par l'un de ses cinq membres permanents, dotés d'un droit de veto, qu'il s'agisse des Etats-Unis pour l'Irak ou de la Russie pour l'Ukraine.
L'institution multilatérale, à la crédibilité sérieusement écornée, est l'une des rares à n'avoir pas été réformée pour tenir compte de l'évolution du monde devenu multipolaire.
Droit de veto
Les cinq membres permanents de son Conseil de sécurité - Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni - sont les seuls à diriger la marche du monde, reléguant l'Organisation à un rôle principal de fournisseur d'aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle ou de conflits, arrivant au mieux dans certains cas à limiter leur expansion. Le format même de l'institution, avec ses 15 membres dont dix non-permanents, n'a pas bougé et une réforme visant à l'agrandir pour mieux refléter le monde d'aujourd'hui reste dans l'impasse depuis des années.
La Charte de l'ONU, que Moscou est accusé de violer avec l'invasion de l'Ukraine, ne prévoit aucune exclusion de ses membres s'ils venaient à engager une guerre. Seule une perte de droit de vote est prévu à l'Assemblée générale mais en cas de dettes à l'Organisation dépassant un certain seuil.
Au Conseil de sécurité, le droit de veto permet tout et la Russie ne se prive pas de l'utiliser, sans état d'âme. Plus d'une quinzaine de fois depuis 2011 pour le seul conflit en Syrie et sans se préoccuper des conséquences à son égard. "Ils s'en fichent", concède un diplomate sous couvert d'anonymat.
Un vote attendu vendredi
Ce sera à nouveau probablement le cas en fin de semaine. Les Occidentaux veulent faire rendre des comptes à la Russie avec une résolution condamnant l'invasion russe de l'Ukraine. Lors du vote, attendu vendredi, Moscou mettra son veto et le texte porté par les Etats-Unis et l'Albanie sera rejeté.
Il sera probablement aussitôt transmis à l'Assemblée générale des Nations unies, qui regroupe les 193 pays membres de l'Organisation. A la différence de celles du Conseil de sécurité, ses résolutions ne sont cependant pas contraignantes. Elles ont toutefois une valeur politique et le nombre de pays qui se prononceront en faveur du texte sera observé à la loupe.
En 2014, lors de l'annexion de la Crimée, un scénario similaire s'était produit. La Russie avait mis son veto à un projet de résolution la condamnant et le texte avait recueilli ensuite à l'Assemblée générale 100 voix en sa faveur sur 193 membres, soit une courte majorité.
Huit ans plus tard, la Crimée est toujours sous le contrôle de la Russie même si son annexion n'a pas été reconnue internationalement.