Mais là où les choses se compliquent c’est lorsque l’on parle du prix de l’électricité. En Belgique, elle est produite par des centrales éoliennes, solaires, nucléaires et au gaz qui travaillent toutes à des prix différents. Une fois l’investissement de départ passé, ça ne coûte plus rien de produire de l’électricité avec du vent ou du soleil. Du côté du nucléaire, construire la centrale est cher, mais ensuite, produire de l’électricité à base d’atomes ne coûte pas trop cher. En fait, ce sont les centrales au gaz qui demandent le plus d’argent pour produire de l’électricité.
Le consommateur de son côté, reçoit de l’électricité produite par ces différentes sources, qui travaillent à des coûts différents. Mais sur sa facture, il n’y a qu’un prix qui apparaît pour chaque Kw/h consommé. A première vue cela peut sembler étonnant. En réalité c’est lié à un mécanisme très simple appelé le Merit order. Un mécanisme européen qui régit notre facture d’électricité.
Le principe est simple, c’est le prix de production de la dernière centrale allumée pour répondre à la demande des consommateurs qui imposera son prix à toute l’électricité produite. Mais attention, on ne peut pas le faire dans n’importe quel ordre. On doit commencer par les centrales qui coûtent le moins cher, puis on allume les autres centrales au fur et à mesure que la demande des consommateurs augmente. C’est que l’on appelle l’ordre du mérite
De manière concrète, les choses se déroulent souvent de la manière suivante en Belgique. On utilise d’abord les centrales éoliennes et solaires qui sont les moins chères (50 euros du mégawattheure), on lance ensuite les centrales nucléaires qui coûtent un peu plus cher (100 euros du mégawattheure) et puis si nécessaire, aux heures de grosses consommations, on allume les centrales au gaz (125 euros du mégawattheure fin octobre).
Mais attention, lors du calcul de la facture à payer par le consommateur, on ne regardera qu’un seul prix : celui de la dernière centrale allumée, soit dans la plupart des cas, une centrale au gaz. Et c’est le prix de production de cette centrale qui s’imposera à toute l’électricité créée à ce moment-là. Le coût de l’électricité produite par le vent, le soleil ou l’atome sera vendu au prix du gaz, même s’il coûte en réalité beaucoup moins cher.
Pour l’économiste Eric De Keuleneer, " ce système avait deux avantages. Il favorisait le développement du renouvelable qui pouvait vendre son électricité au même prix que le gaz. Le vent et le solaire coûtent beaucoup moins cher que le gaz. Les bénéfices étaient donc plus importants et cela poussait les investisseurs à mettre leur argent dans des éoliennes et des panneaux solaires. En plus, la libéralisation du marché a permis de créer un marché européen de l’énergie. Quand nos centrales nucléaires ont dû être arrêtées, il y a quelques années pour des problèmes de microfissures nous avons été ravis de faire venir de l’électricité de France ou d’Allemagne ".