De loin, cela ressemble à un vrai accouchement. Le monitoring résonne, l’accompagnant tient la main de la femme qui accouche, la gynécologue demande à sa patiente de pousser. Pourtant, nous sommes en pleine séance de simulation médicale. La maman est une comédienne, son compagnon aussi, le bébé qui sortira dans quelques minutes est en plastique.
A l’Université de Liège, les étudiants en gynécologie participent à des formations de ce type en vue depuis peu. "En obstétrique, les choses très compliquées sont rares, donc on n’en garde pas la pratique." commente Patrick Emonts, gynécologue et professeur à l’ULiège pendant qu’il anime la séance, "C’est un petit peu comme en aviation, l’avion qui se retrouve sans moteur, ça arrive très très rarement. Mais si on veut sauver les passagers, il faut s’y entraîner. Nous, c’est la même chose, un enfant qui coince dans un bassin, ce n’est pas en ayant ça dans la pratique tous les 5,6 ans qu’on peut rester performant."
Quand une situation difficile apparaît, le gynécologue a tendance à oublier qu’il y a la patiente de l’autre côté.
L’objectif pédagogique du jour est le suivant : comment communiquer avec la patiente en situation d’urgence ? Quand on lui demande si des simulations de ce type peuvent aider à éviter les violences obstétricales, Patrick Emonts est très clair : "Je le pense vraiment. Il y a un énorme déficit sur la communication. Quand une situation difficile apparaît, le gynécologue est tunnelisé sur le problème. Il ne voit plus que la tête du bébé et le monitoring qui décélère. Il a tendance à oublier qu’il y a la patiente de l’autre côté. Donc il faut leur enseigner, dans des séances de simulation, à prendre un court instant pour expliquer à la patiente ce qui se passe. Et ça, ça s’apprend, ça n’est pas instinctif !"