Investigation

#Investigation sur les provinces : le baron Jean-Marie Bogaert en prison

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Par Justine Katz

Suite aux perquisitions menées la semaine dernière au centre Arthur Regniers à Lobbes, le directeur Jean-Marie Bogaert, 83 ans, est incarcéré à la prison de Jamioulx. Il a été arrêté à son domicile le mercredi 1er juin. Il a été placé sous mandat d’arrêt, inculpé de prise d’intérêt, fraudes aux subsides et abus de biens sociaux.

Le parquet de Mons a ouvert une information judiciaire en février dernier suite à la diffusion de notre investigation sur la gestion des provinces, intitulée "Provinces, le grand ménage". On y expliquait que le Baron Bogaert possède un château dans le sud de la France, via son asbl Vestric. Ce château a été loué pendant 40 ans à la province de Hainaut, et au centre Arthur Regniers de Lobbes, qui y envoyait en vacances des enfants lourdement handicapés. Pendant ces mêmes 40 ans, Jean-Marie Bogaert était le directeur du centre Arthur Regniers. Les séjours pour les enfants étaient facturés à des prix très élevés, bien au-dessus des prix demandés habituellement pour ce genre de location.

La justice s’intéresse aux accords que le Baron a conclus avec la province, renouvelés à de nombreuses reprises, et en particulier à la dernière convention signée en 2015. Cette convention a permis à l’asbl Vestric, dirigée par Jean-Marie Bogaert, d’obtenir une redevance annuelle de la province, pour la location du château 8 mois par an. Elle prévoyait aussi que tous les frais d’entretien du château étaient à charge de la province. Selon nos informations, les montants fixés dans cette convention sont jugés disproportionnés par la justice, qui s’interroge sur d’éventuelles contreparties.

Par ailleurs, en travaillant sur le dossier, les enquêteurs ont découvert un autre volet interpellant : des flux financiers qu’ils jugent suspects sur les différents comptes bancaires liés à Jean-Marie Bogaert.

Le Baron gère une fondation (la Fondation Baron-Baronne Jean-Marie et Monique Bogaert) et deux asbl (Vestric et Les amis des infirmes moteurs cérébraux). Des réquisitions bancaires ont permis de découvrir des mouvements financiers qui posent question entre les comptes des asbl, de la fondation, et les comptes personnels de Jean-Marie Bogaert.

Nous avons contacté l’avocat de Jean-Marie Bogaert. Il refuse de commenter l’enquête en cours. Mais il nous affirme que son client "conteste tous les motifs d’inculpation. Il collabore avec la justice, et s’engage à la plus grande transparence."

Un administrateur provisoire a été nommé par le tribunal de l’entreprise de Charleroi pour gérer la fondation et les deux asbl. Du côté des enquêteurs et de la juge d’instruction, on se refuse à tout commentaire. Plusieurs devoirs d’enquête sont encore en cours.

En attendant les suites judiciaires, Jean-Marie Bogaert a été suspendu comme membre du MR par le président de la fédération MR Hainaut, Denis Ducarme.

Le 7 juin, la chambre du conseil a confirmé le mandat d’arrêt de Jean-Marie Bogaert, ce qui signifie qu’il reste en prison. Selon nos informations, la juge d’instruction estime qu’il existe un risque de collusion avec des tiers et un risque de récidive (de nouveaux mouvements financiers), ce qui justifie, selon elle, le maintien en détention.

Jean-Marie Bogaert a fait appel de cette décision. Il comparaîtra devant la chambre des mises en accusation le 21 juin prochain. Mais la juge d’instruction peut décider à tout moment de le libérer sous conditions.

Une collaboratrice de Jean-Marie Bogaert a également été inculpée, mais laissée en liberté.

Revoir l’enquête sur les provinces

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