Ce lundi 8 mai 1972, le Boeing 707 de la Sabena décolle de l’aéroport de Vienne-Schwechat pour rallier Tel-Aviv-Lod. Dix personnes constituent l’équipage de bord : les hôtesses Nicole Decraene, Alice Hahergel, Monique Leroy et Edith Willems ; les stewards sont François Van der Veken – le chef de cabine – et Hubert Van Reckem. Deux techniciens font partie du voyage : Camille D’Hulster, exceptionnellement accompagné de Georges Tacquin qui doit effectuer des contrôles. Le 1er officier se nomme Jean-Pierre Herinckx, l’équipage étant sous le commandement de Reginald Levy qui fête ce jour-là ses 50 ans, raison pour laquelle son épouse Dora se trouve dans les passagers, afin de fêter ce jubilé à Tel-Aviv.
Passagers et équipage sont loin d’imaginer que, parmi eux, se trouvent quatre terroristes de Septembre noir : deux hommes, Abed al-Aziz Atrash, Ahmed Awad, et deux femmes, Theresa Khalsa et Rima Tannous. Ils ont réussi à embarquer beaucoup d’armes : révolvers en pièces détachées, grenades à main, ceinture d’explosifs et deux sacs cachant des charges explosives !
Alors que l’appareil survole Sarajevo, un terroriste entre dans la cabine de pilotage et signale qu’il prend le contrôle tandis que les trois autres maîtrisent les passagers et le reste de l’équipage. Peu de temps après, c’est Herinckx qui signale à Tel-Aviv que l’avion est détourné. L’équipage demeure dès lors en contact avec la tour de contrôle de l’aéroport de Lod, aujourd’hui connu sous le nom de Ben Gurion
C’est sur la piste 33 de l’aéroport, situé à quelques kilomètres à l’est de Tel-Aviv, que l’avion se pose. Entretemps, le ministre israélien de la défense, Moshe Dayan, a pris la tête d’une cellule de crise, installée dans la tour de contrôle. Dayan sera en contact permanent, tant avec les Palestiniens que Golda Meir, Premier ministre.
Le groupe terroriste revendique la libération de 317 camarades emprisonnés non loin de Tel-Aviv. À défaut de voir leurs demandes rencontrées, ils feront exploser l’appareil… À bord, Levy et Herinckx proposeront au chef des pirates de l’air de transmettre, par radio, le nom des prisonniers demandés, ce qui sera fait par Tacquin qui, ayant vécu au Maroc, possédait l’indispensable accent arabe.
Vers midi, Reginald Levy propose de se faire le porte-parole des terroristes. Il est autorisé à descendre, emportant un spécimen des explosifs se trouvant à bord, afin de prouver la crédibilité des risques courus par les passagers du Boeing.
Une fois mis à l’écart de l’aéroport, pour éviter que l’appareil ne redécolle, les pneus de l’avion avaient été dégonflés et le liquide des freins vidangé. Moshe Dayan promettra au commandant de faire réparer les trains d’atterrissage tout en faisant acheminer les prisonniers revendiqués et mettre en place un avion pour les embarquer… ce qu’il ne comptait absolument pas laisser faire !
Les pirates de l’air accepteront les propositions ramenées par Levy. Dix-huit techniciens, en combinaisons blanches, seront donc envoyés. Les fedayin demanderont à Levy et Tacquin de fouiller les hommes pour être certains qu’ils n’étaient pas armés… parmi eux se trouvent des futurs ministres et Premier ministre d’Israël : Benjamin Netanyahu et Ehud Barak, qui commande le commando. Malgré les révolvers cachés sous les combinaisons, les terroristes ne se rendront pas compte qu’il s’agit de militaires…