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Italie : fumée noire persistante sur la présidentielle

Le législateur italien Matteo Renzi se prépare à voter lors du sixième tour de scrutin pour l'élection du nouveau président de l'Italie, le 28 janvier 2022, au Parlement de Rome

© AFP

L’élection du président de la République italienne s’éternise depuis lundi au parlement au gré de tours de scrutin dynamités par l’abstention ou les votes blancs à droite comme à gauche, en l’absence d’accord sur un nom.

Les partis avaient pourtant décidé de passer à la vitesse supérieure vendredi avec la tenue de deux tours de scrutin au lieu d’un seul.

Un premier scrutin s’est tenu dans la matinée, le 5e depuis le début de la semaine, sans débloquer la situation : aucun vainqueur potentiel n’a émergé, de nombreux "grands électeurs" optant pour l’abstention. Pour les mêmes raisons, le tour suivant, ouvert à 17h locales (16h GMT), n’a rien donné.

Absence de consensus

Bien que tous les partis politiques représentés au parlement, à l’exception du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, fassent partie de la coalition soutenant le gouvernement du Premier ministre Mario Draghi, la droite, la gauche et le Mouvement 5 Etoiles ne parviennent pas à trouver un consensus.

Au 5e tour, les partis de droite (la Ligue, Forza Italia de Silvio Berlusconi et Fratelli d’Italia) avaient mis en avant la candidature de l’actuelle présidente du Sénat, Elisabetta Casellati, une fidèle du magnat et ancien chef de gouvernement Silvio Berlusconi, tandis que la gauche et les 5 Etoiles avaient opté pour l’abstention.

Le chef souverainiste de la Ligue, Matteo Salvini, défendait la candidature de Casellati en la présentant comme celle qui "pourrait être la première femme présidente" de l’histoire italienne.

Mais cette catholique de 75 ans anti-avortement n’a finalement obtenu que 382 voix sur les 453 qu’elle aurait dû théoriquement obtenir dans son propre camp.

L’ex-Premier ministre Giuseppe Conte, s’exprimant au nom des 5 Etoiles, avait rapidement enterré la candidature de Casellati en affirmant que la solution ne pouvait être qu’une candidature "de haut niveau, largement consensuelle et totalement au-dessus des partis".

Matteo Salvini a aussitôt dénoncé "la fuite de la gauche, qui déserte le scrutin et les réunions". Le leader avait invité les autres partis membres de la coalition gouvernementale à une réunion, qu’ils ont finalement désertée.

Duplex dans notre 19h30:

Deux nouveaux tours samedi

Juste avant le tour de scrutin suivant, la droite a annoncé à son tour qu’elle s’abstiendrait, en représailles au précédent boycott de la gauche. Deux nouveaux tours sont programmés pour samedi.

Face au blocage d’un parlement totalement fragmenté, l’élection à court terme d’un président apparaît hautement improbable.

Le chef du gouvernement Mario Draghi faisait figure de favori avant l’élection, mais nombreux sont les parlementaires qui rechignent à voter pour lui, dans la crainte que son départ ne déstabilise l’exécutif au point de provoquer des élections anticipées avant la fin de la législature prévue en 2023.

Son départ fragiliserait aussi la reprise de la troisième économie de la zone euro et la mise en œuvre des réformes nécessaires pour bénéficier des dizaines de milliards d’euros du plan européen de relance post-Covid, dont l’Italie est la première bénéficiaire.

Mais faute d’accord sur une autre candidature, certains analystes lui prêtent finalement un possible avenir présidentiel.

"Comme l’impasse persiste et le contexte politique devient de plus en plus toxique, le principal bénéficiaire pourrait être Mario Draghi", estime ainsi Wolfgango Piccoli du cabinet Teneo Consultancy. Le nom du président sortant Sergio Mattarella revient aussi alors que ce dernier, âgé de 80 ans, a toujours dit qu’il ne comptait pas faire un second mandat.

Le résultat des présidentielles italiennes, sans candidats officiels et à bulletins secrets, est traditionnellement difficile à anticiper. A ce jour, le record de l’élection la plus longue est détenu par Giovanni Leone, élu en 1971 au 23e tour de scrutin.

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