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Italie : le gouvernement Meloni part en croisade contre les familles homosexuelles

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Par Africa Gordillo & Valérie Dupont via

En Italie, le gouvernement d’extrême droite est parti en croisade contre les familles homosexuelles. Depuis la formation du gouvernement de Giorgia Meloni fin octobre, la bataille conservatrice de sa formation politique, Fratelli d’Italia, sur les thèmes de la famille semblait être un peu en retrait des priorités de la cheffe du gouvernement.

Giorgia Meloni n’en parlait pas, se concentrant sur les urgences de la guerre en Ukraine et des problèmes économiques, les migrants mais apparemment c’était un choix clair de laisser du temps à la ministre de la famille Eugenia Roccella de préparer une stratégie.

Et cette dernière a décidé de lancer sa croisade conservatrice contre les familles homosexuelles. En réalité, la loi italienne ne prévoit pas que les couples LGBTQI+ aient des enfants. La procréation médicalement assistée n’est légale et autorisée que pour les seuls couples hétérosexuels. Les lesbiennes ne peuvent avoir accès aux banques de sperme et le recours aux mères porteuses est tout simplement interdit en Italie, comme l’adoption pour les couples homosexuels.

Résultat, ils doivent obligatoirement se rendre à l’étranger s’ils veulent un enfant… et jusqu’ici, les bourgmestres progressistes acceptaient d’inscrire ces enfants dans les registres de l’état civil avec le nom des deux parents : les deux pères ou les deux mères. Mais une circulaire du ministère de l’intérieur vient d’annoncer l’interdiction de le faire, pour respecter un arrêt de la Cour de cassation, ce qui a ouvert un virulent débat politique.

Une croisade idéologique de Fratelli d’Italia

La Cour de cassation a demandé au parlement de légiférer. Les députés de Fratelli d’Italia ont entendu l’appel et sont clairement partis en croisade idéologique. "Selon moi c’est plus grave que la pédophilie, nous sommes face à des personnes qui veulent choisir un enfant comme si c’était une décoration ou les meubles de la maison", lance le député de Fratelli d’Italia Federico Mollicone. "On parle de deux personnes du même sexe qui demandent l’inscription d’un enfant en prétendant que c’est leur fils !", enchaîne un autre député du même parti, Fabio Rampelli.

Voilà pourquoi le texte de loi proposé par ces députés prévoit de criminaliser la "location de l’utérus" comme ils la qualifient, donc la gestation pour autrui, même si la procédure est légale dans le pays où elle a lieu. C’est ainsi qu’un couple qui se rendrait au Danemark ou les mères porteuses sont autorisées, risquera une peine de prison de 3 mois à 2 ans et des amendes comprises entre 600.000 et un million d’euros en rentrant en Italie.

La gestation pour autrui, un prétexte

Or, sur les 250 couples italiens qui ont eu l’an dernier recours à la gestation pour autrui, neuf couples sur dix sont hétérosexuels. La GPA n’est qu'un prétexte : "Moi je pense qu’un enfant a le droit d’avoir une mère et un père. Une personne homosexuelle peut certes être un parent excellent, ce n’est pas là le problème. Le problème est que deux figures différentes sont nécessaires pour l’enfant. Une petite fille doit se refléter dans une figure maternelle, et le petit garçon doit se refléter dans une figure paternelle. Cette complémentarité sert réellement, c’est cela la question !”, déclare la ministre de la Famille Eugenia Roccella.

Mais il n’y a pas que Fratelli d’Italie, le gouvernement tout entier est entré dans la polémique, Matteo Salvini de La Lega et Antonio Tajani ancien président du Parlement européen ont enfourché ce cheval de bataille propagandiste : "C’est une cochonnerie qui devrait devenir un crime contre l’humanité. La location de l’utérus, des enfants en vente, achetés avec un clic en ligne ce n’est pas le progrès, c’est la mort", a asséné Matteo Salvini. Quant à Antonio Tajani, il déclare que "l’utérus des femmes ne devrait pas être utilisé comme si c’était un four pour rôtir des patates !".

Le Parlement européen est intervenu en votant une motion contre l’Italie qui, avec cette décision de ne pas inscrire les deux parents des enfants des couples LGBT+, fait de la discrimination. La nouvelle secrétaire du parti démocrate Elly Schlein a promis bataille au Parlement européen et elle est descendue dans la rue aux côtés des familles LGBT+ pour attaquer le gouvernement.

Les maires des grandes villes italiennes appellent à la désobéissance civile en continuant à inscrire les noms des deux parents homosexuels mais la ministre a déjà annoncé des recours…

Et le bien des enfants dans tout cela ? En Italie, on estime que quelques milliers d’enfants vivent dans des familles homoparentales, mais apparemment pour ce gouvernement peu importe, les couples LGBTQI + n’ont tout simplement pas le droit de devenir parents… Comme en Hongrie ou en Pologne !

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