Belgique

IVG, comme interruption volontaire de gouverner ?

Philippe Walkowiak

© RTBF

Par Philippe Walkowiak

 

Le dossier " avortement " reste sensible dans le monde politique. La Belgique a trop longtemps pénalisé l’IVG, sous la pression de ses partis chrétiens et d’un chef de l’état influent. Ce dossier a même déclenché une crise de régime dont la monarchie est sortie diminuée, ne devant son salut qu’à une entourloupe constitutionnelle, assumée par l’ensemble de la classe politique.

Constitution

La décision de la Cour Suprême américaine sur l’IVG a suscité de vives réactions en Europe. En France, cela se traduit par la volonté exprimée de garantir ce droit à l’avortement par la Constitution. Et comme souvent, ce débat déteint sur nos partis francophones. En Flandre, seul l’Open VLD a réagi.

Faut-il dès lors inscrire ce droit à l’avortement dans notre Constitution ? Sachant que notre fonctionnement institutionnel diffère de celui des USA ou de la France.

Les partis francophones ont donc surenchéri de propositions. Le PS devait sans doute réaffirmer des accents laïques après avoir cédé aux lobbys religieux sur l’abattage sans étourdissement, et au MR, on a même " oublié " que lors de chaque vote éthique des années Verhofstadt (mariage homosexuel, adoption par un couple de même sexe, etc.), les libéraux francophones s’étaient majoritairement prononcés contre toute avancée !

Cela ressemble beaucoup à des effets d’annonce avec une Constitution difficile à réformer rapidement. Si changements il y a, ce ne peut être que dans plusieurs années.

Loi au frigo

Ces mêmes partis ont pourtant bloqué, il y a peu, une loi dépénalisant totalement l’avortement, étendant la période d’intervention à 18 semaines et réduisant à deux jours le délai de réflexion. Renvoyée quatre fois de suite au Conseil d’État, alors qu’il y avait une majorité de députés pour la voter. Du jamais vu dans notre histoire parlementaire. Simplement pour complaire au CD&V, qui en a fait le prix de sa participation (indispensable) à la coalition fédérale (2020). Ce droit des femmes a donc fait l’objet d’un marchandage.

Ce délicat dossier a été confié à un énième comité d’experts dont les partis de la coalition semblent espérer qu’il ne rende pas ses conclusions trop rapidement, ce qui mettrait à mal la stabilité gouvernementale.

Le CD&V, version Mahdi, semble avoir décidé d’en revenir aux fondamentaux du CVP, dans une Flandre de plus en plus conservatrice (cette loi sur l’extension du droit de l’IVG, n’est pas soutenue par une majorité de députés fédéraux flamands).

En quelque sorte, la coalition fédérale a donc Interrompu toute Volonté de Gouverner en cette matière.

@PhWalkowiak

 

 

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