Ouvrir un nouveau cinéma en 2022 ? Ça vous parait d’un autre temps ? C’est pourtant ce qui va se passer à Ixelles.
Le Styx, un tout petit cinéma de quartier lancé dans les années 70 et fermé définitivement depuis quelques années va renaître de ses cendres. La commune vient de donner son accord et les travaux de rénovation vont bientôt commencer.
L’aboutissement d’une une jolie histoire. Le Styx, c’est le projet de Claude Diouri. Exploitant et passionné de cinéma, il achète le bâtiment situé au 72 de la rue de l’Arbre Bénit au milieu des années 70. Un immeuble résidentiel, dont il fait… un cinéma. Deux salles sont aménagées à l’intérieur, au rez-de-chaussée et au premier étage, chacune ne dépassant pas la petite quarantaine de sièges. Le fondateur, lui, vit dans l’appartement situé dans les étages supérieurs.
Mais en 2015, la petite structure qui propose des films d’art et d’essais finit par devoir fermer ses portes. Ensuite, un autre projet porté par des passionnés tente de relancer les lieux, avec une seule salle de projection. Nous sommes en 2017. Mais l’épidémie de Covid et la fermeture obligatoire des lieux culturels qui s’ensuit vont finalement sonner le glas de la petite structure.
En 2021, le bâtiment est à vendre. Une fondation (qui souhaite rester discrète) de mécénat culturel décide alors de racheter l’immeuble pour maintenir ce petit cinéma. Elle conclut un accord avec un jeune exploitant, Ziyed Ayachi, manager d’un célèbre bar situé à deux pas de là et qui souhaite trouver un lieu pour développer son activité de spectacles de stand up, qu’il propose déjà dans son établissement. Les deux parties trouvent un terrain d’entente. Le projet est sur les rails et la commune d’Ixelles vient tout juste de donner le permis d’urbanisme nécessaire à la rénovation des lieux.
Des films, de l’humour, des écoles et… de l’horreur
Si le Styx nouvelle formule proposera bien encore des films et du cinéma art et essais dans les années qui viennent, il va aussi se diversifier. "On sait que ce n’est pas le cinéma qui va faire vivre le projet", explique le futur exploitant des lieux Ziyed Ayachi. "C’est pour ça qu’on proposera aussi du stand up à l’étage et un petit bar. On accueillera aussi des écoles et des associations pour des activités. Cela nous permettra d’obtenir des subsides de la part de la commune et de la région et cela nous permettra aussi d’avoir un rôle d’éducation et de transmission à l’égard des jeunes. On veut vraiment faire partie du quartier, être au contact des habitants. On pense aussi, pourquoi pas, relancer des séances avec des films d’horreur ou de série B les vendredis et/ou samedis soirs, comme cela se faisait à la grande époque des cinémas de quartier. On a beaucoup de projets".
A partir du moment où les deux salles sont petites avec environ 35 personnes maximum, on ne voit pas comment cela pourrait créer des nuisances, même si le quartier est résidentiel.
A la commune d’Ixelles, on a également le sourire. "Lorsqu’il a fermé, on ne pensait pas que ce cinéma pourrait rouvrir un jour", explique Yves Rouyet l’échevin de l’urbanisme. "Mais grâce à cette fondation, qui voulait maintenir le Styx et éviter que ce soit un promoteur qui rachète et transforme le bâtiment en logements, c’est bien le cas ! A partir du moment où les deux salles sont petites avec environ 35 personnes maximum, on ne voit pas comment cela pourrait créer des nuisances, même si le quartier est résidentiel. Il ne devrait pas y avoir de gros rassemblements sur le trottoir à l’extérieur. Après, pour nous la commune, c’est très intéressant puisque le cinéma va proposer des films alternatifs, qu’on ne retrouve pas dans les gros complexes. Il va aussi proposer des activités aux écoles et va venir enrichir l’offre culturelle qui est déjà importante à Ixelles au kilomètre carré".
Exploitant et… futur habitant des lieux
Dernière spécificité et non des moindres, l’exploitant sera obligé d’habiter directement l’appartement situé juste au-dessus du cinéma. Tout cela pour éviter de devoir faire une entrée séparée ou pour éviter à la fondation de devoir conclure des baux avec plusieurs personnes. "C’était l’une des conditions sine qua non pour obtenir le projet de la part de la fondation", sourit Ziyed Ayachi, "je m’y soumettrai. En discutant avec la famille du fondateur du Styx à l’époque, Claude Diouri (aujourd’hui décédé), ils nous expliquaient qu’ils avaient grandi dans cette maison en montant et en descendant les escaliers pour aller prendre le goûter chez leur tonton là-haut. Voilà, peut-être qu’à l’avenir je serai moi-même le tonton de certains enfants du quartier", rigole-t-il.
Si tout va bien, le nouveau cinéma Styx pourrait ouvrir et proposer son premier film en septembre 2023. Dans le reportage ci-dessous, on vous propose une petite balade dans le cinéma Styx dans son état actuel avec le futur exploitant des lieux.