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"J'ai reçu des menaces à mon intégrité physique par des fonctionnaires chinois" révèle David Panuelo, président de la Micronésie

Le président de la Micronésie, David Panuelo, s'adresse à la 77e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 22 septembre 2022.

© Yuki IWAMURA / AFP

Par Belga, édité par Romane Bonnemé

Le président sortant des Etats fédérés de Micronésie, David Panuelo, a accusé la Chine de corruption, harcèlement et "agressivité politique" dans une lettre incendiaire adressée au Parlement, que l'AFP a obtenue vendredi.

"Pour le dire simplement, nous sommes témoins d'une bataille politique dans notre pays", a écrit le dirigeant en mettant les législateurs en garde, détaillant des allégations d'espionnage chinois, de coercition de responsables du gouvernement et des "menaces directes" envers sa sécurité personnelle.    

M. Panuelo avait déjà exprimé des inquiétudes concernant l'influence grandissante de Pékin dans le Pacifique Sud et s'oppose à un accord de sécurité qui pourrait permettre le déploiement de troupes chinoises dans la région.  

Le président va bien plus loin dans cette lettre, avertissant le prochain gouvernement d'une vague de menaces qui risqueraient, selon lui, de transformer l'archipel faiblement peuplé en vassal de la Chine.    

Pékin a "démontré une grande capacité à saper notre souveraineté, rejeter nos valeurs et à utiliser nos responsables élus et expérimentés à ses propres fins", a-t-il fustigé.    

M. Panuelo a notamment accusé des collègues de son cabinet d'avoir transmis à Pékin des enregistrements de rencontres bilatérales.    

"Nous sommes soudoyés pour être complices et soudoyés pour garder le silence. Ce sont des mots forts, mais qui décrivent cependant précisément la situation", a-t-il ajouté.    

"Que dire sinon d'un responsable élu qui reçoit une enveloppe remplie d'argent après un dîner à l'ambassade de la RPC, ou après une inauguration ?", a-t-il poursuivi, faisant référence à la République Populaire de Chine (RPC).  

Pisté par "deux hommes chinois"

Le dirigeant a également dit avoir été suivi par "deux hommes chinois" lors d'une réunion aux Fidji en juillet, affirmant qu'ils travaillaient à l'ambassade et que l'un d'entre eux avait été identifié plus tard comme un "officier du renseignement" de l'armée chinoise.    

"Pour être clair: j'ai reçu des menaces directes à mon intégrité physique de la part de fonctionnaires de la RPC agissant dans un cadre officiel", a-t-il encore déclaré, expliquant qu'il avait dû changer de numéro de téléphone à cause d'appels "incessants" de l'ambassadeur de Chine, qui essayait de le persuader d'accepter des vaccins chinois contre le Covid.  

M. Panuelo a également révélé avoir eu des discussions avec le ministre des Affaires étrangères de Taïwan à propos d'un accord permettant à son pays de se distancer du financement et du soutien chinois, Taipei proposant récupérer des projets majeurs actuellement financés par Pékin.  

"Ces calomnies et ces accusations contre la Chine sont totalement contraires aux faits. La Chine les juge totalement inacceptables", a réagi lors d'un point presse régulier Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

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