Chaque semaine, plongez dans l’intimité d’une nouvelle personnalité inspirante qui dit quelque chose de notre région.
Le décès d’un enfant et un AVC. Tout ça dans la même vie. Marie-Paule aurait pu s’en plaindre jusqu’à la fin de ses jours, elle en a décidé autrement. "Je suis debout", répète-t-elle à l’envi. On ne sait pas trop si elle cherche à se convaincre ou si elle le pense vraiment. Sans doute un peu des deux. "Mais ça marche !"
Sa première épreuve survient à la fin des années 80, lorsque sa fille cadette décède accidentellement dans la cour de récréation. "Ce jour-là, c’est l’anéantissement. Il n’y a pas de mots pour décrire la perte d’un enfant." Par contre, insiste-t-elle, il y a moyen de se relever, et même d’être heureux.
Pour se reconstruire, Marie-Paule a convoqué la force de ses pépites d’or : "Pour moi, dans mon fond de pot, il y a des pépites d’or qu’Aude a semées : par ses rires, par ses histoires avec sa sœur Anne et son frère Laurent… Quand je ne vais pas trop bien - ce qui n’est plus le cas pour le moment - je vais chercher ces pépites d’or." Son autre compagnon de route, à côté de son mari Edmond qui traverse tout avec elle, c’est le Petit Prince. Elle connaît son histoire par cœur et vibre à chaque fois qu’elle (se) répète le passage qui la fait avancer. "Toi. Toi, oui, toi ! Tu auras des étoiles qui chanteront pour toi. Tu auras des étoiles qui riront, tu auras une étoile qui rira rien que pour toi et qui brillera comme un grelot." Marie-Paule croit très fort aux étoiles et au rire.
Pour moi, dans mon fond de pot, il y a des pépites d’or qu’Aude a semées : par ses rires, par ses histoires avec sa sœur et son frère… Quand je ne vais pas trop bien, je vais chercher ces pépites d’or.
Le rire, c’est justement sa troisième et dernière ressource, qu’elle dissémine dans une maison de repos de Mariemont, deux fois par semaine. Apéros, jeux, brins de causette… elle veut partager son vécu aux résidents et les recouvrir d’ondes positives. Même sa roue de chaise roulante est recouverte d’un large émoji sourire. Pourtant, elle a longtemps rêvé de pouvoir s’en débarrasser, de sa chaise. A la fleur de ses 60 ans, son cerveau a fait ce qu’elle appelle "une grosse glissade." Un AVC qui a paralysé toute la partie gauche de son corps. Depuis, elle a entamé son "Putain d’chemin", qu’elle partage dans un livre fort utile aux personnes confrontées au même sort. Un chemin rocailleux, mais qu’elle a appris à aimer. Elle vous dira de toute façon qu’elle n’a plus le temps de pleurer : elle préfère utiliser ce temps pour aimer et être heureuse.