Journal du classique

Jan Pieterszoon Sweelinck, un compositeur de génie qui a marqué les plus grands, de Scheidt à Bach

Gravure de Jan Harmensz représentant Jan Pieterszoon Sweelinck.

© Tous droits réservés

Voilà déjà quatre siècles que le compositeur hollandais Jan Pieterszoon Sweelinck a quitté ce monde. Organiste virtuose, improvisateur talentueux, compositeur à la renommée exceptionnelle, Sweelinck fut le maître de Jakob Praetorius et de Samuel Scheidt et eut également une influence majeure sur le développement de l’école dite du Nord de l’Allemagne, jusqu’à Buxtehude et Bach. Trop méconnue du grand public, son œuvre riche gagne à être redécouverte.

Jan Pieterszoon Sweelinck voit le jour en mai 1562 à Deventer. Son père, Pieter Swibbertszoon est organiste et est nommé à l’église Saint-Nicolas (Oude Kerk) d’Amsterdam quand il est encore un bébé. Après sa mort en 1573, le poste échoit quelque temps à un autre organiste qui décède à son tour, et il est vraisemblable qu’il a ensuite été réservé au jeune Sweelinck, le temps qu’il poursuive ses études à Haarlem chez Willem Janszoon Lossy. C’est ainsi qu’il obtient dès l’âge de 15 ans un poste honorable qu’il conservera jusqu’à sa mort.

En 1578, un an après sa nomination, le statut d’organiste devient un statut de fonctionnaire municipal à Amsterdam, l’église étant devenue propriété de la ville suite à la victoire du parti calviniste. Conséquence majeure : l’orgue est dès lors exclu des services religieux. C’est donc à l’occasion de concerts publics et quotidiens que Sweelinck est amené à pratiquer son métier.

Un pédagogue très demandé

Outre ses talents de virtuose, d’improvisateur et de compositeur, en relation avec des musiciens anglais comme P. Philips et J. Bull, Sweelinck se distingue particulièrement comme pédagogue. Il jouit alors d’une telle renommée que de nombreuses villes des Pays-Bas et même d’Allemagne vont jusqu’à subventionner leurs jeunes organistes de talents pour aller étudier auprès de lui. Sweelinck voit alors défiler parmi ses élèves des futurs grands noms comme Heinrich Scheidemann, Jakob Praetorius ou Samuel Scheidt, qui partagent à leur tour son héritage dans leurs régions d’origine. C’est ainsi que le compositeur devient un maillon incontournable dans l’histoire de la musique, qui a notamment beaucoup marqué l’école du nord de l’Allemagne, dont l’influence traverse toute la période baroque jusqu’à des grands noms comme Dietrich Buxtehude et Jean-Sébastien Bach.

L'héritage musical

Sweelinck décède en octobre 1621 (le 6, le 12 ou le 16 selon les sources), il y a tout juste quatre cents ans. Ses compositions ne connaissent qu’une publication posthume, à l’exception de son œuvre vocale : les psaumes et les Cantiones Sacrae, qui en constituent l’apogée et qui marquent la fin de l’école polyphonique néerlandaise, les motets à l’expression musicale plus intime, mais aussi des chansons françaises, des Rimes françoises et italiennes sans doute écrites pour un groupe de musiciens amateurs dont il avait la direction, le "Collegium musicum".

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Si sa musique vocale signe la fin d’une ère, sa musique instrumentale en ouvre une nouvelle. Sweelinck innove en mettant au point pour la première fois une méthode permettant de structurer des pièces homogènes de grande dimension. Ses fantaisies sont ainsi construites à partir d’un seul grand thème auquel se joignent plusieurs contre-sujets, qui s’entremêlent de manière fuguée, tandis que le thème principal assure l’unité de l’ensemble. On retrouve une technique similaire dans ses cycles de variations, et ses toccatas n’ont rien à voir avec le style presque improvisé des équivalents italiens.

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