Chez Delhaize, c’est toujours le blocage entre la direction et les syndicats. La direction reste attachée à son projet de franchiser l’ensemble des 128 magasins qu’elle détient encore. Jusqu’à présent, elle s’oppose aux demandes des syndicats de retrait du plan. Aucune négociation n’a pu avoir lieu.
La semaine dernière, le ministre de l’Economie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne a désigné un conciliateur social pour tenter de rapprocher les points de vue dans ce dossier. "C’est quelqu’un qui connaît bien le secteur", dit de ce conciliateur le ministre Dermagne, puisqu’il préside la commission paritaire de la grande distribution.
Pour le moment, "le blocage est persistant", reconnaît le ministre qui reste malgré tout confiant sur l’issue de la concertation. "J’y crois, sinon je n’aurais pas désigné un conciliateur social", réagit-il. Il reconnaît toutefois que "c’est un dossier compliqué avec un enjeu énorme".
Le ministre appelle la direction de Delhaize à la concertation. "J’appelle vraiment la direction de Delhaize, qui est un groupe belge, qui joue sur cet ancrage belge, à respecter la tradition de concertation sociale, de négociation entre les syndicats et le patronat et d’envisager aussi d’autres options que la franchisation complète de ces 128 magasins", déclare-t-il.
Par rapport au durcissement du conflit, au recours aux huissiers, notamment, le ministre parle "de rupture du modèle de concertation sociale". "C’est pour moi aussi une forme de provocation", estime Pierre-Yves Dermagne.
Pour le ministre, les dirigeants de Delhaize "ont besoin" de cette concertation. "Quand on est à ce point attaché à l’image de la Belgique, qu’on s’est même rebaptisé Belhaize pour rappeler ce lien historique et fort avec ses consommateurs, ses travailleurs, on doit s’inscrire dans une logique de concertation sociale et tenir compte des intérêts des travailleurs et travailleuses", estime le ministre.
"J’appelle la direction à prendre le chemin de la négociation, à respecter les organisations syndicales et à éviter la provocation", demande Pierre-Yves Dermagne. Il avertit en passant cette direction des risques, puisque certains pensent déjà à renforcer la loi Renault.
Pierre-Yves Dermagne voit aussi en Delhaize "un groupe devenu international", "qui fait des bénéfices, distribue des dividendes à ses actionnaires, a augmenté la rémunération de ses dirigeants et qui, d’une certaine manière, voudrait transférer la responsabilité de son personnel à des structures plus fragiles, à savoir des franchisés et des indépendants". Ces franchisés ne sont pas pour autant un problème pour le ministre. "Il y a de la place à la fois pour des franchisés et à la fois pour des magasins intégrés", estime le ministre.
Pierre-Yves Dermagne plaide aussi pour qu’on remette de l’ordre dans le secteur de la distribution. "On a trop de commissions paritaires avec des règles différentes", estime-t-il. "J’ai demandé aux partenaires sociaux, aux patrons et syndicats, de se mettre autour de la table pour simplifier le paysage de ces commissions paritaires", ajoute-t-il. Il faut, dit-il, "uniformiser les conditions de travail et de rémunération".