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Jardins sans pesticides à Bruxelles : Comment font les jardiniers du domaine royal de Laeken ?

Le domaine royal de Laeken tourne le dos aux pesticides

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Alors que le gouvernement bruxellois vient de donner son feu vert au nouveau plan 2023-2027 de réduction des pesticides dans les espaces privés, nous avons voulu savoir comment était géré le plus grand "jardin" de Bruxelles. Rendez-vous donc, derrière les grilles du palais, avec Jean-Yves André, le régisseur (ff) du domaine royal de Laeken, pour découvrir l’accueil réservé à la biodiversité sur les 186 hectares, de pelouses, de bois et de serres, du domaine.

Jean-Yves André est le régisseur (ff) du domaine royal de Laeken
Jean-Yves André est le régisseur (ff) du domaine royal de Laeken © Tous droits réservés

Dans sa camionnette, Jean-Yves nous emmène faire le "tour de la propriété". Première impression, les pelouses sont impeccables et aucun brin d’herbe n’est visible sur les allées pavées. "C’est vrai, nous précise notre guide, nous devons entretenir certaines parties du domaine selon des règles très précises, mais dans d’autres parties du parc, on a fait le choix de laisser des arbres au sol, ou d’autres debout, même s’ils sont morts. Ils fourniront un refuge aux pics ou aux insectes".

© Donation Royale

Pour l’entretien des allées en pavés ou en gravier, poursuit Jean-Yves André, aucun désherbant n’est plus utilisé depuis 2019. Désormais, c’est une entreprise extérieure qui se charge d’éliminer les mauvaises herbes au moyen de vapeur ou d’une plaque chauffante. Mais quoi qu’il en soit, nous n’utilisons aucun produit pour la gestion du parc. Bien sûr dans les serres, c’est forcément un peu différent !". Nous prenons donc la direction des serres où la température en ce début février avoisine les 12 degrés.

Johan Lauwers travaille dans les serres de Laeken depuis 35 ans
Johan Lauwers travaille dans les serres de Laeken depuis 35 ans © Tous droits réservés

Les serres de Laeken ! On les visite au printemps lorsque les fuchsias et les azalées sont en fleur. Mais leur entretien se poursuit évidemment toute l’année. Dans la grande galerie de 200 mètres de long, nous croisons Johan Lauwers, 35 ans de service au compteur. Ici, il est un peu le chef, le sage, et ce qui le préoccupe pour le moment, c’est éviter que ses "abutilons" (arbustes à fleurs) ne soient ravagés par les mouches blanches. Pour éviter les pesticides, il a donc choisi "de tailler au maximum les plantes, pour ne pas laisser aux larves, l’occasion de se cacher dans les feuilles." Un travail très manuel, qui selon Jean-Yves André, ne coûterait toutefois pas forcément plus cher, même s’il le reconnaît aussi, on ne peut pas encore se passer entièrement de pesticides dans les serres. Tout au plus a-t-on choisi, ici, des produits phytosanitaires "bio", plus compatibles avec la protection de l’environnement.

Quel usage des pesticides à Bruxelles en 2023 ?

Henri Caulier travaille au service Développement Nature, chez Bruxelles Environnement. Il suit la mise en place du nouveau plan régional de réduction de pesticides. Ces produits sont déjà interdits dans l’espace "public" bruxellois depuis plusieurs années mais les autorités régionales veulent à présent s’attaquer à ceux utilisés par les particuliers ou sur des terrains privés. En quelle quantité sont-ils présents à Bruxelles ? "impossible à dire", selon Henri Caulier : "Les seuls chiffres disponibles concernent les "ventes" au niveau fédéral soit 6000 tonnes de produits, essentiellement destinés à l’agriculture, l’utilisation par des particuliers ne représenterait que 4% du total. A Bruxelles, il s’agirait par exemple d’herbicides (voir d’eau de javel !), pour désherber les allées de garages ou les trottoirs. Nous allons outiller les particuliers et les professionnels pour qu’ils se passent des pesticides et encadrer les pratiques de vente pour mieux informer l’utilisateur".

Les réticences à l’abandon de pesticides tombent peu à peu

"Tant que ces produits chimiques seront en vente, certains les utiliseront". Etienne Duquenne est responsable "eco-jardinage" à la ferme Nos Pilifs, installée à Neder-Over-Heembeek. Dans les rayons de la jardinerie, comme sur les chantiers d’entretien de jardin, il a depuis longtemps adopté des pratiques de jardinage qui favorisent la biodiversité. "Je pense que la sensibilisation du public a déjà bien fonctionné. Il y a quelques années encore, nous avons perdu des clients qui redoutaient de ne plus avoir la maîtrise de leur jardin, mais petit à petit, les mentalités ont changé. Un jardin, sans pesticides, c’est tellement plus vivant".

La SNCB a testé un train qui disperse de l’eau chaude pour désherber les voies

A noter que la SNCB fait partie de ces entreprises qui bénéficient de dérogations. Pour assurer l’entretien des voies et donc, la sécurité des trains, elle pulvérise encore deux fois par an, des désherbants chimiques, sur la végétation présente le long des rails. Mais, selon la porte-parole, le changement est en cours : "nous investissons dans l’innovation pour développer d’autres solutions comme les techniques électriques, des plantations spécifiques et les bio herbicides". A ce titre, Infrabel a récemment testé un train à eau chaude dans la région de Liège. Les premiers résultats seraient encourageants.

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