COP27

"Je ne peux pas cacher ma déception" réagit Zakia Khattabi, ministre du climat, après la COP27

Zakia Khattabi, ministre de l’Environnement et du Climat

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La négociation longue de la COP27 a fini par porter ses fruits : un accord a été approuvé ce dimanche, au petit matin. Les quelque 200 pays participant à cette conférence des Nations unies sur le climat se sont accordés pour instaurer un fonds de soutien aux pays en développement les plus touchés par le changement climatique.

En revanche, le texte ne pousse pas davantage les ambitions internationales de limitation du réchauffement de la planète, l’objectif fixé est toujours de ne pas dépasser une augmentation de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Et l’accord ne mentionne pas d’objectif de sortie des énergies fossiles comme le pétrole.

Les réactions, depuis l’approbation du texte, saluent la naissance de ce fonds ou déplorent un manque d’ambition du texte. La ministre belge de l’environnement et du climat fait partie des déçus. L’écologiste Zakia Khattabi rentrera insatisfaite en Belgique :

Je ne peux pas cacher ma déception.

Déçue, dit-elle, parce que la COP27 n’a pas été à la hauteur des enjeux : "Les derniers rapports nous montrent qu’on est loin d’atteindre nos objectifs de limitation de la hausse des températures, et donc l’enjeu de l’atténuation était fondamental. Il s’agissait ici de s’accorder sur la mise en œuvre tant des accords de Paris que du pacte de Glasgow et on en est loin."

"C’était ce qu’on pouvait tirer de mieux à ce stade"

La ministre en charge du climat évoque une atmosphère peu propice aux avancées. "Je dois reconnaître que le manque de confiance qui a prévalu à ces quinze jours de négociations était tel que cet accord était ce qu’on pouvait tirer de mieux des discussions, à ce stade."

L’accord prévoit, élément saillant, un fonds d’aide aux pays en développement les plus vulnérables au changement climatique. Zakia Khattabi commente : "effectivement, il y a pour la première fois une reconnaissance des 'pertes et préjudices' pour les pays les plus vulnérables, c’est une avancée."

Avancée qu’elle nuance immédiatement :

On doit marcher sur deux jambes, or on repart de cette COP27 en boitant.

Elle s’explique : "Aujourd’hui, si on doit investir dans les 'pertes et préjudices', c’est parce que nous n’avons pas réussi précédemment à réduire nos émissions". Or cet accord poursuit sur cette lancée, dit-elle. "En ne faisant pas une priorité de l’atténuation du changement climatique aujourd’hui, nous préparons la nécessité de fonds importants pour répondre à des dommages que nous aurions pu anticiper par un plan ambitieux". Constat qu’elle qualifie d'"inexplicable, incompréhensible".

La Belgique et l’UE, initialement défavorables au fonds

Zakia Khattabi explique que l’Union européenne s’est finalement ralliée à cette proposition de fonds alors que, comme la Belgique, l’UE n’y était pas favorable au départ.

"La position belge, en ligne avec celle de l’Union européenne, était que nous ne souhaitions pas instaurer ce fonds en tant que tel, chacun pour des raisons différentes. La Flandre parce qu’elle ne veut pas y mettre un centime. Le fédéral, mon gouvernement, parce qu’il souhaitait cibler les aides. La proposition de fonds telle qu’elle était initialement mise sur la table, ciblait de manière indifférente des états comme le Pakistan qui en aurait besoin et la Chine, grande émettrice de CO2, que nous estimions ne pas devoir accéder à ces fonds. La proposition européenne permettait de cibler les pays les moins émetteurs."

Mais l’Union européenne a néanmoins accepté l’instauration de ce fonds. "Il fallait bien atterrir", dit-elle, "il y avait une divergence de stratégie sur le soutien aux pays du Sud mais qui a fini par être résolue dans cette proposition de compromis à laquelle l’Union européenne a décidé de se rallier."

La ministre insiste, ce n’était pas une opposition de principe à un soutien aux pays du sud touchés par le changement climatique puisque certaines aides semblables existent déjà en Belgique : "Certains gouvernements se sont déjà engagés dans le soutien aux pays les plus vulnérables face au changement climatique. La Wallonie a dégagé précédemment un million d’euros. Au niveau fédéral, dans le cadre de la coopération belge, nous dégageons aussi des moyens qui seront orientés vers les 'pertes et préjudices' liés au climat."

"Un nouveau chapitre qui commence"

Comment se passera l’application de ce texte, la naissance de ce fonds ? La décision reste encore à affiner avant toute entrée en vigueur, souligne Zakia Khattabi. "Il doit encore y avoir toutes les discussions autour de la mise en œuvre : qui sont les bailleurs ? Quels montants ? etc."

Malgré ses réserves, Zakia Khattabi salue l’approbation de ce texte en tant que "nouveau chapitre qui recommence, de premières pages qui devront permettre de retisser la confiance, pour que la prochaine étape soit vraiment une étape d’ambition en matière de réduction de nos gaz à effet de serre".

Prochaine étape d’ores et déjà fixée fin 2023, pour une COP28 aux Emirats arabes unis.

Sur le même sujet au JT du 20/11/22 :

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